lundi 23 juin 2014

Sweat in bullet- Simple Minds

Je viens de finir le visionnage intégral de Six Feet Under.
Les 5 saisons et 63 épisodes, le tout en 3 semaines. Ceux qui ont vu cette superbe série savent de quoi je parle et comprendront bien que ce matin, je suis triste, défait, marqué, encore empreint de la séquence finale ; rien que d’écrire ces mots, j’ai la gorge serrée. La chanson qui accompagne les dernières images est « Breathe Me »de Sia, et chaque fois que je l’entendrai, j’aurai ce pincement au cœur. Encore une chanson à jamais marquante dans la mémoire affective de milliers de gens, et la mienne en particulier.
C’est là mon propos du jour. Un morceau est ô combien souvent lié à des souvenirs précis, des gens qu’on a aimé ou perdu, notre jeunesse envolée mais inoxydablement belle, ces amours et ces époques dont la bande son est collée à nos neurones, aussi fortement que des odeurs, des saveurs et des couleurs. Animal et culturel, l’homme moderne l’est sans conteste.
1981. Avec trois cassettes formant une bizarre compilation, un ami brillant et original, aka Pierre M., m’avait un jour d’hiver offert une ouverture incroyable sur des mondes musicaux pour moi inexplorés. J’avais été percuté par ses choix, marqué à vie par la puissance et l’originalité de cette sélection exigeante qu’il m’avait patiemment concoctée. Rien de facile ni d’évident, des ambiances différentes, des morceaux difficiles.
Je le remercie encore, trente trois ans plus tard.
Dans cette tracklist, il avait glissé (entre autres merveilles) des morceaux des Simple Minds à leurs débuts, quand ils étaient étranges et désarticulés, passeurs de sons dérangeants et de paroles ambigües. J’avais retenu Sweat in Bullet (album Sons and Fascination, 1981) par sa force hypnotique. Sonorités atypiques, nappes de synthétiseurs glacées, basse qui claque, rythme déhanché, tout m’avait plu, un love at first sight qui s’est gravé profondément dans mon disque dur. Les paroles sont vraiment incompréhensibles, de pures sonorités mystérieuses mais c’est cela qui donne cette force poétique à la chanson, qui ondule comme le serpent qui danse de Baudelaire. Il faut l’écouter plusieurs fois pour l’apprivoiser, mais on n’en fait jamais complètement le tour. La voix de Jim Kerr est trouble et troublante. De là jaillit une émotion inconnue, inédite dans mon jeune logiciel qui troubla la surface lisse de mes sentiments familiers.
Ecoutez-la cette chanson, le soir avant de sombrer dans des rêves d’horizons bariolés et d’apesanteur inattendue où vous retrouverez tant de monde, et peut-être vous-même.
Je serai honoré que cette chanson vous plaise, qu’elle imprime sa marque dans votre panthéon personnel.

Bigre, et voilà que je repense à Six Feet Under et à cette fin qui vous arrache des larmes.   
Rien à voir, et en même temps, si, beaucoup.


J "nostlagie" V.