Fad Gadget s’agite quelque part au paradis des artistes énervés et
créatifs, et je pense à lui avec tendresse et nostalgie. Je l’ai découvert par
hasard en achetant sur un coup de tête un 45
tours à la pochette peu engageante : Ricky’s Hand. Il m’est fort agréable de partager une opinion 5 * à
ce sujet avec vous, lecteurs appréciés.
Cette musique est belle car est saute au visage, elle bondit sur votre
diaphragme. Tordue, perforante, elle restera gravée dans les sillons profonds
de ma mémoire à tout jamais. Pas de compromis et absence de compromission, Frank Tovey
aka Fad Gadget secoue ses synthés comme des pruniers, il en sort un jus noir, d’où
émergent des boulons et des clous.
On appelle cela bien trop aisément de la « musique
industrielle », tout en sachant qu’aucune firme n’a jamais cautionné ce
bazar sonique qui fait mal. C’est de l’artisanat, du bricolage synthétique, pas
d’obtention possible du label ISO 9002 et Veritas 2T car trop foutraque pour
être normé. Anarchie in the partition, dérapage dans le contrôlé. Sa voix est
grave mais pas lourde, mélodieuse mais pas sirupeuse. Avertissement, alerte
rouge ou annonce d’une glaciation atomique pourraient être déclinés sur ce ton
très grave. Et le ton, c’est bon.
Le son « crrrrrr » qui marque le nano-refrain est obtenu par une
perceuse Black et Decker. Moins cher qu’un échantillonneur, plus efficace qu’un
piano à queue. Sur Collapsing New people, il tapera sur des bouteilles vides
pour changer d’un xylopohone. Merci la récup’, on vous a toujours dit que faire
de la musique c’est une question de motivation et d’imagination fertile, pas un
concours de matériel de pêche.
Les paroles sont vraiment incorrectes et nous racontent le point de vue de
la main d’un certain Ricky. Ce dernier boit, conduit, se plante, et ses cinq
doigts vont s’en souvenir, n’oubliant pas de remonter sa fermeture éclair. Brut
de fonderie, direct du droit ou du gauche, c’est selon l’humeur.
Ricky’s Hand fait un doigt d’honneur aux mauvais morceaux, à la musique d’ascenseur,
au tube de l’été, à la compilation de Chants de Noël et au CD 12 titres super
techno disco qui lui, est un enfoiré produit de musique… industrielle.
Fad Gadget, je vous remercie et tous nos lecteurs aussi.
Jérôme « handshake » V.