C'est l'histoire du rock qui se poursuit, mais il est égaré au volant d'un pickup fatigué et sur une route poudreuse, sous un soleil de plomb. Ou alors, la bande-son d'un voyage en fusée qui prend trop temps, traversant des galaxies perdues et côtoyant des trous noirs antipathiques. Peut-être bien une randonnée sous la pluie froide, avec une étape difficile, des chemins qui montent fort, l'envie lancinante d'un café chaud et d'une serviette sèche pour se sécher le visage. Voire la traversée d'une île vers une autre, quand on n'est plus certain d'avoir choisi le bon cap et que la terre est loin d'être en vue ? Ces moments d'un voyage où l'on est ni perdu, ni arrivé, juste loin.
Circles de Moon Duo est une carte d'embarquement. Prenez-la, larguez les amarres.
Décollez- vous les tympans, mettez du volume, c'est parti.
Perdus dans leurs cercles et leurs pensées les deux musiciens déroulent leurs mélopées, comme un tapis de velours rouge et usé, ils sont si sérieux dans cette tâche que l'on écoute, rendus muets par l'odyssée qu'ils nous décrivent alors. Ils avancent avec force rythmiques, loops de guitares, une voix perdue dans l'écho raconte des trucs sûrement étranges. Be bop a lula en version longue, lourde, collante.
Le Captain Alan Vega et son rafiot Suicide sont déjà passés par là, on aperçoit leur empreinte sonique dans tout l'album. Respect et larsen.
42 minutes 24 secondes d'écoute en une durée palindrome, un embarquement pour le space rock barré qui fait du bien.
Evadez-vous sans bouger d'un mètre, mais en volant haut.
Moon Duo forme la jeunesse.
Jérôme "psyché" V.