Cher Peter Hook,
Merci pour ce set énorme de 2 heures 45, composé de 3 parties. J’ai
peut-être assisté à des centaines de concerts, les tiens sont de ceux pendant
lesquels on se dit « j’y suis, c’est ça, c’est bien, c’est grand ».
De plus, tu es un père parmi les plus cools du monde, avec ton fils qui joue
avec toi et pratique la basse de cette façon unique que tu as créée. NB : Je
joue aussi dans un groupe -du dimanche- avec mon fils aîné, et nous reprenons « She’s
lost control », en pensant à toi, à Ian Curtis, à tout ce qui ne nous a
pas tué et donc nous rend plus forts.
A ce sujet, je sais, je sais, avec le reste de New Order tu es en froid…polaire.
Vous êtes coupés en deux bandes ; chacune fait sa vie sur les routes et
les 24 pistes. Toi tu chantes les classiques de Joy Divison avec force et
puissance, et là tu déclines les 2 albums des années 85 et 86, façon « Masterclass »
comme l’autre soir. Low Life, suivi de Brotherhood. Copieux. Complet. Royal.Un
quasi marathon. Je t’ai vu un peu souffler à la fin, et Peter, moi aussi
parfois je tire la langue tu sais. Tu as assuré et tes musiciens sont
virtuoses. Le son New Order-isant était là, pêchu et électronique à souhait,
avec ton énergie rock rugueuse en extra. Voici la setlist, il y manque ce « Love
Will Tear Us Apart » que tu nous as fait en bonus ultime. J’en ai encore
des frissons, et je suis sorti de la Machine dégoulinant de sueur, heureux et
reconnaissant. Cher Peter, quand tu passeras l’an prochain à Paris, je serai là
et je crois que tu le sais.
Je t’embrasse chaudement, car ça fait un paquet d’années que tu vis et
résonnes dans ma chambre comme dans ma voiture.
Jérôme « true
faith » V.
Cher
Bernard Sumner,
Il faut que je te fasse un aveu. J’ai été voir ce vieux Hooky en concert
trois fois de suite en trois ans. Je sais qu’entre vous c’est plutôt frigidaire
que volcan, mais bon, nous les fans on vous aime tous anyway. Il chante
le répertoire Joy Division avec émotion et ça se sent.
En revanche, soyons
franc : il manque ta voix froide et blanche pour les titres 100% New
Order. Hooky, il est rock, il a des tripes, mais toi tu t’en tapes de tout ça,
j’en suis persuadé.
J’ai toujours su que tu t’en foutais royalement : la cold wave c’est
pas la samba, et voilà pourquoi on adore le réfrigéré, le surgelé et le
glacial. Faut pas déconner : si on choisit l’option synthé-boîte à
rythmes, paroles glauques, on ne se vautre pas dans les sentiments qui collent
aux dents ! Les jupes à fleurs, à gauche en sortant, nous on est les pas
marrants.
Par exemple quand tu chantes « how
does it feel, to treat me like you do ? » dans Blue Monday, la
réponse évidente est “mais rien du tout ma pauvre, si tu savais comme je m’en
contrefous !”. Prends ça dans les gencives, ici c’est Manchester, on se les
gèle et on n’a plus de boulot.
Ou encore, dans Confusion, tu lui dis «you just can’t believe me when I show you
what you mean to me », et c’est bien clair ! L’autre ne mean RIEN du tout, s’en rend compte et
tombe de haut; pan dans ta tronche, love story nada, romantique à level de Mer Morte à
marée basse. Si tu veux un dîner et des chandelles, file chez Spandau Ballet,
moi je mets mon imper noir et je sors boire 17 ou 18 bières, on verra. Compris ?
Tout l’art de ta voix est précisément de ne pas trop révéler, d’être neutre
et distanciée. Si tu es en rage, elle est rentrée, intérieure, malsaine et
douloureuse. Dans Cold Wave, il y a un mot que vous ne comprenez pas ou on vous
l’épèle ?
La différence entre un condamné à mort qui sourit légèrement à son bourreau
et ceux qui se roulent par terre en hurlant, c’est là ta marque de fabrique et
ton style, mon cher Bernard. De toute façon, à la fin on reçoit douze balles
dans la peau, donc on est bien d’accord, autant rester digne.
J’espère que mon analyse te plaira et je t’embrasse timidement, juste du
bout des lèvres, ça fait quand même un paquet d’années que tu refroidis ma
chambre comme ma voiture.
Jérôme « low life » V.