Devant moi les terres brûlées et arides du Nouveau Mexique. Chaleur et
lumière. Mon chapeau est collé de sueur. Le mouvement régulier de mon cheval,
me berce un peu. La selle crisse, un bruit de cuir qui frotte. Un oiseau passe,
mais quel est son nom ? Je m’en fiche en fait. Avance cheval, avance,
cheval mouvement.
Toc toc pouf, les sabots foulent le sable en une mélopée languide. Toc toc
pouf.
Pfffrrr fait mon cheval qui va de l’avant. Le sang a bien séché sur ma
chemise et la douleur dans mon bras est sourde, lourde fourbe, elle se réveille un peu maintenant. Elle
grandit comme un serpent qui se déroule. Ralentir sans mouvement.
Encore une demi journée vers le Sud et tu auras passé la frontière m’avait
dit Tuco avant de rendre l’âme à qui elle appartient.
Les pièces d’or de la Wells Fargo sont abritées dans mes sacoches,
recouvertes par une belle couche de poussière. Ne bougez pas. Would you like to see what
else is in my bag ?
Le soleil est puissant, et bon sang il fait soif. Blondin n’aura plus
jamais soif, lui non plus. Sentenza était quant à lui étalé dans la poussière
de ce cimetière. Il avait les yeux ouverts et souriait au ciel au-dessus de
lui.
J’étais parti en un galop effréné, j’ai toujours la balle dans le bras et
du petit plomb dans le dos. J’ai soif. J’ai chaud, mes yeux sont fatigués par
cette lumière trop crue.
Le soir, plus tard ?
J’ai dû tomber et perdre connaissance. Le cheval ne s’est pas éloigné, je
le vois en contrejour, je suis couché dans le sable, il est haut, il est grand.
Le soir tombe, il fait moins chaud et j’ai toujours aussi soif. Je suis presque
bien, là dans le sable tiède, ce cheval qui me jette un regard doux. Les
sacoches sont bien là, derrière la selle. L’or de la Wells Fargo. Bang , bang,
cheval galope.
J’entends un cavalier qui approche, je le vois sur la colline qui me
surplombe. C’est un gars du coin, il arrive, il vient vers moi. Il me fait
signe. Je lève mon bras valide et aucun son ne sort de ma bouche desséchée.
Cheval, ralentis, cheval ne bouge pas, attention, ralentis, pause, c’est
fini.
Jérôme"Onoma" V.
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