A l’occasion de la sortie de leur
nouvel album Thin Walls, le groupe belge Balthazar était en promotion à Paris.
Dans un salon feutré d’un hôtel, dans une ambiance relaxante, Songazine a
rencontré les deux têtes pensantes du groupe. Jinte Depreze, le brun barbu et
Maarten Deevoldere, le grand blond. Assis dans un relaxant canapé en cuir, un mini-synthé
à porter de main, ils racontent leurs aventures.
Sur 273, il ne restera que dix élues
Le mot Balthazar, pour le commun
des mortels, semble se rapprocher aux Roi-Mages. Le nom du groupe n’a rien à
voir avec cette symbolique : «
Quand nous avons débuté le groupe (2010), on s’appelait Lazare Club. Les gens
nous disaient que c’était cool comme nom mais ce n’était pas évident à retenir.
Autour de nous, tout le monde, disait juste Lazare, ou se trompait en disant Balthazar,
la prononciation nous a vite plus. On l’a trouvé mieux que le premier, »
se souvient Maarten.
Le 30 mars sort le nouvel album.
Il a été enregistré dans les studios Yellow Fish à Brighton. Ils racontent
l’ambiance des sessions en compagnie du producteur Ben Hillier (Blur, Depeche
Mode, Elbow) et du mixeur Jason Cox (Massive Attack, Gorillaz) : « Nous étions comme des enfants dans le
studio. C’était cool et à la fois studieux. Le studio était à Brighton mais
nous étions hébergés dans un petit village appelé Lewes, près d’une forêt.
C’était un bon cadre pour être concentré sur notre travail. Jason Cox et Ben
Hillier, nous ont pas vraiment influencés sur Thin Walls, au contraire ils nous
ont aidés à affiner dans de bonnes conditions notre album. »
Thin Walls est un nouveau départ pour le groupe. Il est différent
sur l’ambiance, comme le constate Jinten : « Je pense que c’est différent, cela reste toujours du Balthazar mais
avec une ligne plus franche. Je veux dire comparer à l’album précédent, celui
d’aujourd’hui est plus vivant, extravertie, voire plus naïf. » Le
titre d’album rappelle leurs heures sur la route, Maarten s’exprime : «Thin Walls fait référence à ces murs très
peu épais qui séparaient nos chambres, lorsque nous dormions dans des hôtels
bon marchés. Il n’y avait aucune intimité. On entendait tout à travers les
murs. C’est ce qui nous a marqué lors de notre précédente tournée, ce manque
d’instant privé.»
A la différence des précédentes
créations (Applause en 2010 et Rats 2012) le groupe a composé ses
chansons sur la route, pour la première fois : « C’était vraiment un choix. C’était un réel
challenge pour nous car les chansons de
Rats ont été écrites à la maison. Nous avons commencé à écrire durant le tour. Nous devions rester toujours créatifs entre
chaque concert. Au final, nous avons écrit 273 chansons et nous avons choisi
dix sur l’album. »
Les dix sélectionnées sont parmi leurs
chansons favorites. Dans ces heureuses élues, quelques une sortent du
lot : « « J’aime bien I Looked For You. Je pense que
c’est celle-là ma favorite après, ça dépend des jours. Aujourd’hui je te dirais
Decency la première chanson de l’album et demain probablement je te dirais que
c’est Night Club, car elle est très rock, très électrique,» s’explique
Jinten.
Then What est la première chanson à être diffusée. A l’oreille de
ses créateurs, elle est une chanson d’amour : « Elle parle de ce sentiment qu’on a envie d’avoir, celui de pouvoir
contrôler les émotions. Cependant dans la vie, quand tu tombe amoureux, tu es désespéré
de ne pas pouvoir les contrôler. Ton bonheur ne dépend que de cette fille avec
qui tu es tombé amoureux. Je pense que tu n’aimeras pas que ton bonheur soit
contrôlé. Elle parle des échanges de sentiments. Elle est aussi un hommage aux filles.» commente Jinten.
Gainsbourg, si tu nous entends
L’influence musicale est très ouverte.
Elle va de la musique classique à la pop-music : « Nos racines musicales commencent par du
Vivaldi, Beethoven, Louis Amstrong, (l’hôtel où se déroule l’interview
était le lieu de séjour du trompettiste) et
puis Elvis Presley. Les années 50 ont grandement influées sur notre musique. Dans
notre précédent album Rats, l’inspiration
principale était Serge Gainsbourg. Pour Thin Walls, nous nous sommes inspiré de
l’univers musical de Nick Cave. Rihanna
et Béyoncé, aussi, font partie de nos influences, » mais pourquoi ces
chanteuses ? « Quand tu vas à
ton épicier du coin, ou au supermarché, tu entend ce genre de musique. Tu es
influencé, indirectement. »
L’auteur-compositeur Serge
Gainsbourg est très apprécié des deux belges, Jinten : « L’album qui a vraiment influencé notre
musique a été L’Histoire de Melody Nelson.
Je trouve que c’est un album intimiste mais en même temps orchestral.
C’est ce que nous avons voulu recréer dans Rats. » Marteen renchérit
sur l’homme à la tête de chou : « Son attitude me plait, il est
vraiment sexy. C’est véritablement
une icône. »
Dans un article paru dans les Inrocks apparait cette phrase :
« Et si la Belgique, avec son réservoir de groupes nerveux mais
mélodieux, volait la place de l’Angleterre dans le paysage rock ? »
Maarten réagit à cette affirmation : « Je pense que l’Angleterre reste un pays influent dans le rock. Ils ont
cette vieille tradition de produire de grands groupes. La Belgique est un petit
pays, mais avec une grande culture. Nous avons de bonnes musiques
intéressantes. Il y a des groupes confirmés qui grandissent chaque jour. Les
radios en Belgique sont très influentes sur la musique alternative plus que sur
la pop commerciale. Nous avons grandi dans les années 90, avec le groupe dEUS.
Ils nous ont donné cette vision, que tout peut être réalisable avec la musique.
Je pense que le succès des groupes belges est du à notre culture mixte et très
ouverte. »
Pour terminer, Jinte et Maarten, vous
conseille pour une bonne écoute de l’album : «Il s’écoute lors d’un voyage, pour s’évader. Le meilleur moment pour l’écouter
est à la tombé de la nuit, quand il commence à faire sombre. »
Thomas Monot