Le Rhinoférock #2 – ON
Bon, on va enfin voir à quoi ça ressemble, une soirée de
Rhinoférock ! Le temps, depuis 20h la veille est de nouveau au beau fixe,
les artistes sont arrivés dans l’après midi et les bénévoles se mettent en
place. De 18h à 2h, ils seront trois groupes sur la scène principale, et deux à
assurer les transitions sur les scènes annexes.
18h : Les premiers festivaliers arrivent, accueillis
par de sympathiques gilets jaunes dans un champ transformé en parking. Leur
entrée sur le site du festival se fait au son de Mixendorp, qui mélange avec
goût blues et sons plus récents. En début de soirée, ça passe aussi bien qu’un
martini blanc : on écoute d’une oreille en faisant le tour des stands,
sans avoir l’impression d’entendre douze fois et demi la même chanson. Un bel
éventail des sonorités qu’on a tous dans les oreilles (radio oblige), du blues
au beat en passant par la funk, qui introduit judicieusement le premier
groupe de blues hip hop.
19h : Quatre musiciens se mettent en place et finissent
leur line up en vitesse, ils se présentent comme Scarecrow (ça veut dire
Epouvantail, en passant… restons dans le thème agricole !). Un concept à
eux tout seuls. Le premier a priori est –pour ma part- négatif : aucune
ligne directrice dans ce groupe, dont le chanteur a un look de bluesman bobo,
mais partage le micro avec un DJ/rappeur, doué, mais qui aurait pu nous éviter
le cliché du « casquette-capuche-baggy ». Un peu de mal également
avec les premières chansons, qui juxtaposent parties rapées en Français et
chant en Anglais. Mais peu à peu on s’y fait ! Le bassiste s’improvise
« maître de cérémonie », et joue avec le public, compensant le
relatif effacement du chanteur lead, qui lui-même se met à raper en français
quand il ne chatouille pas le bottleneck. Beaucoup de surprises en un peu plus
d’une heure, des influences variées et un gros coup de cœur pour la chanson
Blinding Blues lors du rappel. Tout trouve sa logique dans un solo d’harmonica
made in Macbook, et j’ai la confirmation définitive que scratcher est un art à
part entière. Finalement, le blues hop, ou hip rock, ça vaut le détour!
21h30 : C’est au tour de Rachelle Plas et de ses
musiciens fous de prendre place sur la grande scène, après un nouvel intermède
Mixendorpien . Armée de ses cheveux bleus à paillettes et d’un sourire
ravageur, la demoiselle démarre un set décoiffant ! Après avoir été
vice-championne du monde de Judo, elle a opté pour un blues rock somme toute
assez traditionnel, agrémenté de touches jazzy et country. Bassiste et guitariste
rivalisent de technique et de solos, et semblent se faire véritablement
plaisir, tandis que Rachel explore toutes les possibilités sonores qu’offre sa
gamme d’harmonicas (Bob Dylan peut se retourner dans sa tombe… ah pardon, il
n’est pas encore mort !). Beaucoup d’énergie et de complicité entre les
musiciens en font un groupe à l’aise sur scène, heureux d’être là, et dont
l’enthousiasme est pour le moins contagieux.
23h : Sans même avoir le temps de finir d’applaudir, le
public se rue sur la scène annexe pour assister à un spectacle en son et
lumières. Les Tambours de Pernes, ou Music Révolution : 80 musiciens dont
une majorité de batteurs, qui reprennent des grands standards du rock avec une
maîtrise impeccable. Les percussions sont mises à l’honneur par des
arrangements réfléchis, et les jeunes de l’école de musique de
Pernes-les-Fontaines offrent un spectacle vibrant ! Rendez-vous l’année
prochaine sur la grande scène ?
23h30 : Mouvement de foule en sens inverse, retour vers
la grande scène pour accueillir Kendra Morris, une autre demoiselle elle aussi
entourée de trois hommes, mais dans un genre bien différent de celui de Rachel
Plas. Les musiciens se regardent à peine, et font leur travail au fond de la
scène, un peu mécaniquement et sans plaisir apparent. Un académisme froid qui
ne contamine pourtant pas Kendra, qui joue avec sa voix qu’elle maîtrise
parfaitement, en déclamant des paroles –pour une fois- assez intelligentes. On
a même droit à une jolie reprise de Lou Reed (Take a walk on the wild side).
Il manque tout de même peps en plus pour mettre le feu au B-52 (le cocktail,
pas l’avion). Un talent à surveiller de près !
After : Les Tambours de Pernes reprennent leurs
baguettes pour clore en beauté la soirée, et à deux heures du matin, seuls les
bénévoles errent encore dans le champ. Pour eux, la nuit n’est pas
terminée : Rachelle Plas, Mixendorp et Mr Paul des Scarecrow n’ont pas
l’intention de quitter les lieux avant d’avoir fait un bœuf avec les bénévoles…
qui, quoi qu’il arrive, seront présents demain matin pour faire disparaître
toutes les preuves des deux derniers jours.
Juliette D.
Kendra Morris