vendredi 28 novembre 2014

Chanson culte : Martin Dupont : Just Because

On a tous un paquet de madeleines de Proust qui traînent dans la boîte à gants de nos souvenirs. 
Elles créent un afflux mental d’images vives et de sensations oubliées, de visages ou de voix qui reviennent en un écho émouvant. Il suffit, clac, d’un morceau de musique entendu, par hasard ou pas rasé... comme disait en fumant âprement le grand Gainsbourg, un être humain bien éteint mais toujours scintillant, dont le nom seul déclenche sur cette terre des millions de reconnexions neuronales, fait battre plus vite des bataillons de cœurs ou sourire des légions de messieurs burinés comme de dames à peine fanées.
Mon festival cérébral se produit en artifices légers et feux follets fugaces, à l’écoute attendrie de la chanson Just Because du groupe marseillais Martin Dupont (1982-1987).
Just Because, (cliquer ici), c’est mon bonus lessivé, ma prime de bisque, mon salaire du happeur. Je fonds dans la tasse, me dilue dans la brume, disparais dans le trafic. 
Quand de mon armée fatiguée de souvenirs chers, il n’en restera qu’une poignée blessée sur un disque dur en voie d’effacement, se battant avec furie contre Aloïs ou Alzheimer, elle sera là, au garde à vous. Telle l’armée du Général Custer qui finit lui-même par être scalpé, ou le bataillon héroïque tout à fait grec encerclé aux Thermopyles, cette troupe faillible de synapses connectées finira dans l’azur infini et l’air évaporé. Pfuitt.  
Just Because, un cocktail new wave de doux chants tissés par des synthés polyphoniques, purs et vintage, combiné à la pulsation du séquenceur et la rythmique impeccable Le tout forgé dans la maison Roland et les usines Korg, voici qui me transporte loin. 
Si loin, si proche, dans la nostalgie et un passé fantasmé ou amélioré, recombiné en mon système affectif oxydé par des mécanismes cérébraux mal connus mais bien trop familiers.
De la neuroscience, de la chimie et un peu d’acoustique sur vinyle. Que sommes-nous ? Plumes éphémères ou lutins sautillants, tous perdus sur l’autoroute trop éclairée qui mène six pieds sous terre via quelques instants deux pieds au-dessus…


Jérôme  «Juno 106 » V.