Le rock critic est comme le pêcheur de perle en apnée. Il plonge au fond de
l’océan musical, fouille parmi les algues, trifouille la vase, se coupe les
doigts, évite les méduses et remonte avec les poumons en feu pour crier « banzaï,
j’en ai une belle les gars ! » ; sa barque tangue, au gré des
vagues et il est parfois bien seul en son village. Le nez encore saignant et
les yeux rouges, je vous dis tout essoufflé que cette année aura été belle, on
a bien dans le panier une douzaine de petits trésors ramenés des abysses.
Las ! 2014 commence à sentir le sapin, le bon de commande signé chez
les pompes funèbres, l’archivage en cartons marronnasses, mais, mais, mais…
voilà encore un OVNI qui atterrit entre mes mains calleuses, droit venu de
Brisbane, Australie, le joyeux pays d’Angus et des rebondissants Airbourne. Alors,
2015, reste au vestiaire et astique tes crampons bien gentiment, on te fera
signe.
Voici HITS ! Frappadingues et
allumés, ils nous envoient du riff qui pique et du rythme qui sent la
tachycardie.
Le look du chanteur est tellement improbable que je ne sais pas
quoi vous dire à son sujet et je vois qu’une femme égarée mais déterminée est
guitariste dans cet orchestre semi-psychiatrique. Il faut regarder (à jeun ?) les clips de
Take Your Pills, Jesus F Christ ou encore Loose Cannons pour immédiatement
détecter de grands animaux sauvages du rock and roll, sous-division cramés du
ciboulot, ordre des buveurs d’hectolitres.
En concert, on doit frôler l’arrêt
respiratoire à chaque fois et je parierais ma solde qu’eux et leurs fans au
foie en danger ont plus de potes chez les ambulanciers des urgences de nuit que
chez les caissières non épilées de magasins bios. Association de kangourous
sauteurs, ayant atterri sur une grosse mine antichar.
Leur nouvel album s’appelle
Hikkomori (comme ces ados japonais perdus et paranoïaques qui restent dans leur
chambre confinés 24/24 entre les boîtes de sushi vidées et les jeux vidéos
malsains en boucle, dans une odeur de sauce soja pas fraîche mêlée à des
relents de vomi, gasp), et la couverture en est 100% what the fuck. HITS,
justement n’entrera à mon avis pas au top 50, mais dans la série « le rock
and roll fait un doigt à la Mort et aux bonnes mœurs » ils peuvent
concourir.
Rien que pour cela, on va leur dire merci et boire une bière à leur
santé (à risque, rappelons à tous que ceci n’est pas à reproduire chez soi sans
une équipe de cascadeurs assermentés et la trousse complète pour récupération-overdose).
HITS,
une perle noire à conserver précieusement.
Jérôme « down under » V.