Fortement inspiré par la
consommation de drogues comme le LSD, le rock psychédélique apparaît dans le
milieu des années 60. Répétitive et hypnotique, cette musique a été jusqu’au
milieu des seventies le reflet d’une génération. Aujourd’hui, et depuis les
années 2010, le psychédélisme un temps oublié, semble trouver un second
souffle.
Des
origines de vagabond
« Révélateur
de l’âme », c’est ce que veut dire en grec psychédélisme. Avec une telle
signification, pas étonnant que certaines drogues soit derrière tout ça. LSD,
marijuana ou mescaline sont en effet très utilisées dans les années 60 et
deviennent le symbole d’une contre-culture qui émerge aux Etats-Unis. Inspiré
aussi de la beat generation de Jack
Kerouac, le mouvement psychédélique se joint à celui des hippies. Il est porté
par toute une jeunesse qui se dévergonde et qui rêve de liberté. Véritable état
d’esprit plus que simple genre musical, le psychédélisme se retrouve à l’époque
aussi bien en littérature qu’en musique ou en photographie. Jusque dans les
années 70, le mouvement continue de se développer et c’est d’ailleurs grâce à
la musique qu’il s’exporte. Avec des artistes comme Jimi Hendrix ou les Grateful
Dead ou des manifestations comme Woodstock en 1969 c’est toute la planète
qui découvre cet univers et qui se trouve des héros.
Long
et torturé
Le
rock psychédélique s’impose donc pendant une dizaine d’années comme un genre à
part entière. Avec des artistes qui sont à l’époque les plus grandes références
comme les Beatles depuis Sergent
Pepper’s Lonely Heart Club Band, le courant est de plus en plus visible et mis
en avant. Très caractéristique à ses débuts, le rock psychédélique se reconnaît
par sa construction rythmique simple comme dans la plupart des morceaux des 13th Floors Elevators, premier groupe
qualifié de « psychédélique ». Comme une démarche de rendre son âme
plus pure, les morceaux se veulent hypnotiques et planants (d’où la nécessité
de posséder de la drogue en quantité suffisante pour produire un album complet).
De longs solos se posent sur des mélodies répétitives, les pédales fuzz
tranchent des rythmes saccadés pendant que la wah-wah étire les notes. Des
groupes comme Jefferson Airplane, Pink Floyd ou Quicksilver Messenger Service en sont de bons exemples avec parfois
deux morceaux par vinyle. Cependant, étant avant tout un état d’esprit, une
approche de la musique, une manière de voir les choses, le psychédélisme peut
aussi se retrouver dans des groupes hard comme Hawkwind ou dans la musique folk comme chez Van Morrison.
Sur
l’étagère de papa
Pour
ceux qui regrettent de ne pas être né quelques années plus tôt et qui ont le
sentiment d’avoir tout manqué : pas d’inquiétude. En dehors de toute la
médiocrité que l’on nous sert sur les ondes, une nouvelle vague psychédélique
refait surface dans le monde entier. Un vrai engouement pour cette musique se
construit et une véritable communauté est présente pour le soutenir. Loin
d’être un simple « revival » passager comme celui des
« stars » françaises des années 80, il existe énormément de jeunes
groupes qui remettent à neuf ce courant
un peu balayé pendant 20 ans par les synthés disco et les boys-band
préfabriqués. A suivre en tête, les américains de Thee Oh Sees et Ty Segall qui
sortent en moyenne deux (très bons) albums par an. Pour la plupart ils ont
découvert les classiques dans les vinyles poussiéreux de leurs parents et
rêvent maintenant d’inventer les leurs.
13th floors elevators
The psychedelic sounds of the 13th floors elevators, 1966.
La pièce maîtresse et fondatrice
du rock psychédélique. Les texans menés par Rocky Erickson gravent sur ce
disque tous les éléments qui sont aujourd’hui associés au psychédélisme :
pochette sous acides, guitares lancinantes et reverb’ infinie. Un mythe.
Pink Floyd
The piper at the gates of down, 1967.
Dans un registre plus planant, les
anglais livrent pour leur premier album une merveille de psychédélisme. Les
compositions de Syd Barrett y évoquent l’espace et la folie, le ton est sombre
presque glauque. Rarement on a vu un premier album aussi réussi et influent.
Ty
Segall
Twins,
2012.
Plus récemment le californien Ty
Segall a soufflé fort sur la poussière de l’étagère à vinyles de papa. Pour sa
troisième livrée de l’année 2012, l’hyperactif blondinet de San Francisco nous
remet debout avec ses guitares fuzz et ses rythmes primitifs. LE psyché
d’aujourd’hui !
Thibault Bourgeais