En cette froide nuit d’automne,
perdue dans les méandres de la rue Oberkampf, je me hâtai tout en cherchant
d’un œil aiguisé le 114, un bar à la fois rock
n’roll et à la mode. Du moins, c’est ce qu’il se murmurait ! Éternelle retardataire, je me devais d’être à l’heure : D’une part parce que mon + 1
de la soirée ferait probablement, comme à son habitude, preuve d’une grande
ponctualité et d’autre part… Et bien, le groupe Chinese Robots, véritable ovni
au sein du label indépendant Mind RiotMusic célébrait la sortie de son tout
nouvel EP Halo Future. Perspective
d’une belle soirée ? Assurément ! Enfin… je l’espérais !
Bientôt, mon errance prit
fin. Je venais d’atteindre mon but. L’établissement n’ayant pas encore ouvert
ses portes, je patientai… seule ! A l’intérieur, la musique battait son
plein ! Une répète, probablement ! Et en tournant la tête, j’aperçus par
la baie vitrée, Teach Kids Manners, fameux
trio aux multiples saveurs musicales,
guest et première partie de la
Release party débutant sous peu.
Vint l’heure de
l’ouverture… de mon +1… des rencontres… du concert !
Dès les premières
secondes, ce fut l’inévitable plongeon au travers d’une spirale nébuleuse et
hallucinatoire car comme il se doit, Teach
Kids Manners ouvrit le bal.
Teach Kid Manners |
Il est difficile de résister à l’appel
mélodique que suscitent les diverses compositions du groupe. Frôlant parfois les
confins de la spiritualité, Delay 1, Blugrin, Middle Middle, Amen et Yataww du très bel EP HTKM sont une invitation à l’évasion et
au voyage qui nous pousse à partir à l’assaut du monde, armé d’un sac à dos,
tout en suivant cette quête initiatique… dernier espoir d’une âme essoufflée.
L’équilibre
complémentaire des voix de Gillian Lun
et de Louise Mora renforce cette
impression de douceur, de grâce et de plénitude. Sans oublier
l’instrumentalisation des morceaux dont la dominance mordante et rythmée se
révèle non seulement au travers d’une boite à rythme et d’un synthé mais plus
encore, grâce à la basse de Gauthier
Quatelas.
Petit bonus en plus
de l’EP, une revisite toute personnelle du titre 3005 du chanteur et acteur Childish
Gambino. Certes, un choix surprenant mais le groupe, ce soir-là, nous
offrit une réinterprétation de qualité !
Une pause… Et puis… une première
salve.
Sombre… impérieux… Scorn Dust… à l’ondulation envoûtante
dont les notes crescendo teintées de noirceur nous entraîna vers les prémices
d’une réalité alternative… futuriste. Chinese
Robots venait de prendre possession des lieux en nous livrant le premier
titre de leur inattendu EP Halo future.
Encore sous le choc de ce son on ne peut plus savoureux mais
diablement différent des anciens opus du quintet
parisien, le répit ne fut guère envisagé car bientôt la folie à la fois déjantée,
déstructurée et communicative du groupe reprit ses droits grâce à deux anciens
titres Planet Of The Nerds suivi de
près par A Place Where No One Is.
Et
puis de nouveau… la transition. Gone…
une légèreté aérienne agrémentée de cette réminiscence
planante à la fois pop indie et électro qui se termine en une escalade mélodique dont batterie, guitares
et synthé ne font qu’amplifier l’effet. Halo
Future, titre éponyme ne s’en laissa guère compter : une rythmique savoureuse,
enlevée... lunaire dont les cascades sonores s’entremêlent. N’y retrouvez-vous
pas ce petit soupçon robotique estampille
des Chinese Robots ?
Indubitablement !
Se succédèrent ensuite dans
l’ordre, le malicieux et Noise rock Just
Watch Your Way qui fut agrémenté sur scène d’une belle battle instrumentale, le chimique et ardent Holy Dirt ainsi que l’original et psychédélique titre phare du groupe Super Junkie.
Chinese Robots |
La Release Party touchant à sa fin, l’air se remplit des notes du
dernier morceau de l’EP, Sliding. Un
tempo saccadée par moments tels les battements d’un cœur, des guitares qui nous
ouvrent le chemin, des soubresauts noisy
et cette impression de tomber dans un tourbillon sans pouvoir en sortir. Et
puis ces voix… écho d’un passé ou d’un futur.
Un dernier titre afin de
clore en beauté cette soirée ? Et pas n’importe lequel… Party Time ! Insolent, pop,
fantaisiste et piquant.
Ce soir-là, Chinese Robots nous offrit, en plus de
quelques anciens titres à l’énergie inaltérable,
l’opportunité de découvrir un EP un tantinet différent de la production habituelle.
Il y flotte, de temps à autre, un halo
empreint de magnétisme, de grandeur cosmique, d’apesanteur contemplative.
Prédominant sur certains
titres, la guitare de François Dessaudes,
la basse de Sylvain rousselle ou encore
la batterie de JP Boinot
insufflent cette puissance à la fois rock
et… pop qui nous emporte tout le
long. Sans oublier le synthé de caroline
Delorme dont les notes synthétiques offrent
cette dimension surréaliste propre à l’EP. Mais il y a surtout cette voix… celle
de Pierre-Hubert Perromat. A la fois
atypique, douce et posée, on ne peut s’empêcher de l’écouter et de se laisser
guider.
Ce jour-là, je l’avoue… l’un
des titres d’Halo Future ne m’avait
pas vraiment conquise malgré son indéniable potentiel. Mais j’ai, depuis,
changé d’avis car il faut le reconnaître… que ce soit Scorn Dust, Sliding ou
encore Halo Future ou Gone… Chacun d’entre eux présente un
grand danger.
Ah ! Et au cas où
vous ne l’auriez pas compris, il en va de même pour HTKM de Teach Kids Manners.
Ce danger ?
L’addiction.
Alors… à quoi bon lutter ?
Chantal Goncalves.