C'est la gorge serrée et avec
les yeux qui piquent que Songazine met un genou à terre pour saluer Charlie.
Tout va être dit, alors dans ce
petit blog qui est en deuil, poings serrés et colère froide, nous voulons
simplement leur composer une balade funéraire, gratter trois accords sur une
guitare qui pleure, psalmodier le Chant des Partisans, juste pour eux.
Parce qu'on a écouté la même
chose qu'eux, qu'on a partagé l'amour des textes qui disent merde à tous les
cons, et que dans leur discothèque il y avait sûrement les Clash, les Bérurier
Noir, tous ceux du Bal des Enragés, les Dead Kennedys ou Black Flag mais aussi
des chansons d'amour, du raï et du reggae.
Parce qu'on a mal partout en
pensant que les fous ont gagné une bataille, qu'ils ont explosé l'audimat et
fait péter nos compteurs sur les news, les réseaux sociaux et les
conversations.
Parce que la bêtise humaine et
l'abjection, contrairement au génie, n'ont pas de limites.
Parce qu’on les a aimé leurs
dessins, leurs coups de gueule et leur impertinence ; on était vachement fiers
d'être des gaulois quand on lisait leurs "Unes" dévastatrices
et sulfureuses.
Parce que depuis les Lumières,
une tradition de liberté de parole qui brandit de belles idées a démarré et ne
s'éteindra pas.
Parce que non, on ne se taira
pas pour autant, "ils ont tué Jaurès" mais la flamme brûle toujours.
Parce qu'on les aimait, tout
simplement.
Après le choc, les
enquêtes, la traque, peut être l'arrestation et/ou l'abattage des tueurs,
il faudra se poser les vraies questions : qui a payé, qui a commandité, qui
tire les ficelles, qui finance, quels états ferment les yeux ?
Mais là, tout de suite, nous
avons la gorge très serrée et les yeux qui piquent beaucoup.
Songazine est Charlie.