mercredi 18 juin 2014

Chronique album classique- Seventeen Seconds- The Cure-

Ceci est l’album d’un groupe que j’ai le plus écouté de ma vie, dans son intégralité et/ou par chanson à l’unité. Il a été disséqué, chroniqué, analysé un million de fois, je vous livrerai donc ici ce qui fonde pour moi l’importance réelle, impérieuse, particulière et sérieuse de cette musique dans mon existence. Seventeen Seconds c’est du flou génial, du spleen puissant, la traduction parfaite de l’humeur cotonneuse et romantique qui exsude de la tête d’un jeune homme de 20 ans né en 1961. C’est vert, c’est bleu, c’est gris. Tout tourne, tout brille. L’intangible est décrit, l’insaisissable a été formalisé. Plus romantique, exaltant et poétique ce n’est pas possible, Chateaubriand aurait écouté en boucle dans son Château de Combourg, Proust aurait usé des aiguilles de gramophone à le passer jour et nuit. Et moi, j’ai écouté en boucle, j’ai usé des diamants de tourne-disques face A, face B sans compter les cassettes BASF dupliquées à l’envi.     
Couverture.
Une photo floue, un bout d’arbre et c’est tout ? Miracle de l’art abstrait dirais-je plutôt. Les artistes sont en retrait, invisibles, c’est ce que l’œuvre vous laisse à deviner par vous-mêmes qui est mis en avant. Une échappée quelque part, loin, et cette photo un peu ratée mais ô combien savante. Un aveu ? J’ai fait de nombreuses tentatives de produire la même avec le vieux Zeiss de mon père, en bougeant l’appareil au moment du déclenchement pour obtenir ce flou ; j’y suis presque parvenu et j’ai aimé ça.    
Face A.
Dès le vibrato de synthé analogique et les notes de piano étranges mais si familières de A Reflection, je suis déjà parti dans le monde de Robert Smith et j’attends le début de Play for Today, magnifique et grandiose, qui me fait penser à Secrets où l’on prend doucement votre main, puis je coule dans la piscine vert émeraude d’In Your House pour m’enfoncer dans l’édredon profond de Three. Dans la maison hantée des Cure, je serai pour toujours un prisonnier volontaire et solitaire.
Face B.
Encore un piano déjanté et abandonné dans quelque pièce délabrée, c’est The final Sound puis l’apothéose magique d’A Forest. Beauté digne de l’Olympe, M, chanson si pure qu’elle pourrait briser du cristal.  Surgit At Night d’où émane tant de nostalgie et enfin Seventeen Seconds « la mesure d’une vie ». Je ne sais pas trop pourquoi, mais c’est vrai, c’est fort, et cela me touche.
Synthèse.
Chef d’œuvre à polir et adorer, album absolu, à garder pour les jours de pluie et les moments de nostalgie ou d’introspection.
Paré de la puissance évocatrice d’un sonnet de Verlaine et de la force du poison d’une absinthe interdite. Profond comme un puits de sentiments interdits, pour moi élixir inaltérable vers l’éternelle jeunesse.
Chance inouïe pour toi lecteur qui as 20 ans en 2014 et pourrais découvrir la forêt enchantée des 10 titres de Seventeen Seconds.

Comme je t’envie soudain, ô splendide et mortel faune qui se croit éternel.

J. "reverb'" V.