jeudi 5 mars 2015

Nicolas Comment : embarquement immédiat pour Rose Planète

La chanson française en français requiert au moins l’excellence sous peine de crash piteux dans la boue des bonnes intentions sans charisme.  On peut chanter « I love you, yeah, yeah, yeah » en anglais et c’est assez chouette, mais déclamer « je t’aime, wé, wé, wé »  mérite soit a :la folie bleue façon Philippe Katerine, soit b :la fureur rouge façon Bérurier Noir. Entre les deux, soyons francs, vous passez pour une bille. La barre est très haute pour parvenir à tenir le pavé, rester en vie, respirer sans s’étouffer et une escouade réduite de parrains crédibles donnent le « la » du bon goût made in France. Pour moi, les tontons flinguants s’appellent Gainsbourg, Bashung, Lavilliers, Christophe, Higelin, Rodolphe burger, Miossec, Gérard Manset (j’en oublie 3 ou 4 assurément, mais guère plus). 
Au compte-gouttes seulement nous arrivent des albums dont l’hexagonal music lover peut être fier. Lennon s’était moqué de notre rock, mais personne n’osera rire de Mélodie Nelson, Fantaisie Militaire, Boire, O Gringo, Stock Phrases ou Champagne pour tout le Monde…  
Le cas de Nicolas Comment me semble passionnant et l’écoute de son nouvel album Rose Planète vous donnera du baume au cœur. Le hasard, me direz-vous, n’a pas sa place dans un destin d’artiste et ce n’est pas une erreur des Muses que de lui avoir fait croiser le chemin de ceux, magiques, du chanteur de Kat Onoma, de l’auteur des Mots Bleus ou du mystérieux et troublé Animal (on est mal). Ici : une voix grave et posée, impeccable. Chœurs féminins pimentés et séducteurs. Musique raffinée, cordes, cuivres, velours, arpèges et nappes. Et pour les paroles, divine surprise : voici un ménestrel qui joue en première division de la composition dans la langue de Baudelaire. 
Images fortes, évocations mêlant couleurs et sons. Allusions sensuelles, sexuelles et érotiques sans jamais frôler la vulgarité. Poésie subtile, rimes choisies et fines, allusions et allitérations : Nicolas C. manie notre langue avec grand art. Chapeau bas. 
Les 12 séquences de l’album nous racontent une histoire complexe d’amour avec Sexie, du début à la fin, et de bien belles muses sont évoquées : B.B. quand elle était divine, Dita Von T., et d’autres fées ou égéries voire avaleuses de sabre (dixit) de lui intimement connues. Attention, ce disque n’est pas fait pour les oreilles chastes de mineurs non avertis. Chaque chanson mérite plusieurs écoutes, une profonde inspiration avant d’en goûter les aspirations poétiques. 
Nicolas C., je vous porte grande estime et vous souhaite une carrière digne de Serge, Alain, Jacques, Bernard, Rodolphe et les autres.

Site de Nicolas Comment
Album : 'Rose Planète' à paraître le 27 avril, soyez attentifs !

Jérôme « Tangerine » V.

Nicolas Comment (crédit photo Gilles Berquet)

Nicolas C. et sa muse, Milo McMullen  (crédit photo Gilles Berquet)