mercredi 4 juin 2014

Liz Green- Haul Away !

Il y a des musiques immédiates et solaires, évidentes et faciles. Il y a des albums plus difficiles à aborder, un peu comme le rivage d’une île battue par les bourrasques, sans crique dégagée et entourée de cailloux redoutables, de hauts-fonds et cernée par les épaves. Ne me dites pas que la toute première fois que vous avez écouté Unknown Pleasures, vous avez éteint votre chaîne hi-fi et êtes sorti de chez vous en gambadant ou que vous décortiqué une équation à quatre inconnues parfumée d’espaces vectoriels ?
Idem pour cet œuvre de la très poétique Liz Green, avec sa voix peu banale, ses intonations presque dissonantes et son folklore baroque. Voici des chansons de traviole, pleines de timides pianos en vrac, de trombones grognons, de clarinettes virevoltantes et de guitares confidentielles. 
Il faut prendre le livret et lire avec patience ses paroles à côté de la plaque et de la banalité, hors des sentiers battus mais qui –justement- méritent le détour. Tout comme Unknown Pleasures, tout comme ces disques que nous petits Frenchies avons dû déchiffrer ligne par ligne...
Haul Away ! est une mine à creuser. Non seulement nous avons pu apprendre encore mieux la langue de Robert Smith, mais il est clair que le sentiment d’avoir ouvert une verte bouteille échouée sur une grève et compris son message nous a traversé.

Il y a des musiques qu’il faut écouter plusieurs fois et Liz Green finit par nous rester dans le creux de l’oreille.
Les vagues sont fortes mais c’est bien une fée qui vous fait signe sur cette île, où vous tentez d’accoster ; il fait froid, le vent souffle en rafales, mais vous serrez les dents et vous savez qu’une fois le bateau bien amarré vous trouverez un abri au chaud, dans la petite cabane où la fée vous a laissé son dernier CD.

Alors ? Ecoutez-le ce CD !