vendredi 9 janvier 2015

Halo Future : Soirée du nouvel EP de CHINESE ROBOTS… (Un soir de novembre 2014)



En cette froide nuit d’automne, perdue dans les méandres de la rue Oberkampf, je me hâtai tout en cherchant d’un œil aiguisé le 114, un bar à la fois rock n’roll et à la mode. Du moins, c’est ce qu’il se murmurait ! Éternelle retardataire, je me devais d’être à l’heure : D’une part parce que mon + 1 de la soirée ferait probablement, comme à son habitude, preuve d’une grande ponctualité et d’autre part… Et bien, le groupe Chinese Robots, véritable ovni au sein du label indépendant Mind RiotMusic célébrait la sortie de son tout nouvel EP Halo Future. Perspective d’une belle soirée ? Assurément ! Enfin… je l’espérais !
Bientôt, mon errance prit fin. Je venais d’atteindre mon but. L’établissement n’ayant pas encore ouvert ses portes, je patientai… seule ! A l’intérieur, la musique battait son plein ! Une répète, probablement ! Et en tournant la tête, j’aperçus par la baie vitrée, Teach Kids Manners, fameux trio aux multiples saveurs musicales, guest et première partie de la Release party débutant sous peu.
Vint l’heure de l’ouverture… de mon +1… des rencontres… du concert !
Dès les premières secondes, ce fut l’inévitable plongeon au travers d’une spirale nébuleuse et hallucinatoire car comme il se doit, Teach Kids Manners ouvrit le bal. 

Teach Kid Manners

Il est difficile de résister à l’appel mélodique que suscitent les diverses compositions du groupe. Frôlant parfois les confins de la spiritualité, Delay 1, Blugrin, Middle Middle, Amen et Yataww du très bel EP HTKM sont une invitation à l’évasion et au voyage qui nous pousse à partir à l’assaut du monde, armé d’un sac à dos, tout en suivant cette quête initiatique… dernier espoir d’une âme essoufflée. 
L’équilibre complémentaire des voix de Gillian Lun et de Louise Mora renforce cette impression de douceur, de grâce et de plénitude. Sans oublier l’instrumentalisation des morceaux dont la dominance mordante et rythmée se révèle non seulement au travers d’une boite à rythme et d’un synthé mais plus encore, grâce à la basse de Gauthier Quatelas.
Petit bonus en plus de l’EP, une revisite toute personnelle du titre 3005 du chanteur et acteur Childish Gambino. Certes, un choix surprenant mais le groupe, ce soir-là, nous offrit une réinterprétation de qualité !
Une pause… Et puis… une première salve.
Sombre… impérieux… Scorn Dust… à l’ondulation envoûtante dont les notes crescendo teintées de noirceur nous entraîna vers les prémices d’une réalité alternative… futuriste. Chinese Robots venait de prendre possession des lieux en nous livrant le premier titre de leur inattendu EP Halo future.
Encore sous le choc de ce son on ne peut plus savoureux mais diablement différent des anciens opus du quintet parisien, le répit ne fut guère envisagé car bientôt la folie à la fois déjantée, déstructurée et communicative du groupe reprit ses droits grâce à deux anciens titres Planet Of The Nerds suivi de près par A Place Where No One Is. 
Et puis de nouveau… la transition. Gone… une légèreté aérienne agrémentée de cette réminiscence planante à la fois pop indie et électro qui se termine en une escalade mélodique dont batterie, guitares et synthé ne font qu’amplifier l’effet. Halo Future, titre éponyme ne s’en laissa guère compter : une rythmique savoureuse, enlevée... lunaire dont les cascades sonores s’entremêlent. N’y retrouvez-vous pas ce petit soupçon robotique estampille des Chinese Robots ? Indubitablement !
Se succédèrent ensuite dans l’ordre, le malicieux et Noise rock Just Watch Your Way qui fut agrémenté sur scène d’une belle battle instrumentale, le chimique et ardent Holy Dirt ainsi que l’original et psychédélique titre phare du groupe Super Junkie.

Chinese Robots

La Release Party touchant à sa fin, l’air se remplit des notes du dernier morceau de l’EP, Sliding. Un tempo saccadée par moments tels les battements d’un cœur, des guitares qui nous ouvrent le chemin, des soubresauts noisy et cette impression de tomber dans un tourbillon sans pouvoir en sortir. Et puis ces voix… écho d’un passé ou d’un futur.
Un dernier titre afin de clore en beauté cette soirée ? Et pas n’importe lequel… Party Time ! Insolent, pop, fantaisiste et  piquant.
Ce soir-là, Chinese Robots nous offrit, en plus de quelques anciens titres à l’énergie inaltérable, l’opportunité de découvrir un EP un tantinet différent de la production habituelle. Il y flotte, de temps à autre, un halo empreint de magnétisme, de grandeur cosmique, d’apesanteur contemplative.
Prédominant sur certains titres, la guitare de François Dessaudes, la basse de Sylvain rousselle ou encore la batterie de JP Boinot  insufflent cette puissance à la fois rock et… pop qui nous emporte tout le long. Sans oublier le synthé de caroline Delorme dont les notes synthétiques offrent cette dimension surréaliste propre à l’EP. Mais il y a surtout cette voix… celle de Pierre-Hubert Perromat. A la fois atypique, douce et posée, on ne peut s’empêcher de l’écouter et de se laisser guider.
Ce jour-là, je l’avoue… l’un des titres d’Halo Future ne m’avait pas vraiment conquise malgré son indéniable potentiel. Mais j’ai, depuis, changé d’avis car il faut le reconnaître… que ce soit Scorn Dust, Sliding ou encore Halo Future ou Gone… Chacun d’entre eux présente un grand danger.
Ah ! Et au cas où vous ne l’auriez pas compris, il en va de même pour HTKM de Teach Kids Manners.
Ce danger ? L’addiction.

Alors… à quoi bon lutter ?

Chantal Goncalves.