samedi 12 septembre 2015

Rencontre avec deux griots bleus : Baba Sissoko et Moh ! Kouyaté

La vieille femme avait jeté les cauris sur le sol, elle me regardait en souriant et dit doucement : « il n’y a pas de hasard, tu verras, la musique viendra toujours vers toi »…
Et le même jour, par la Poste j’ai reçu dans ma boîte aux lettres un disque de Baba Sissoko (Three Gees), et celui de Moh ! Kouyaté (Loundo). Alors, aucun djinn, ni esprit mauvais ne m’empêchera de faire ma chronique sur ces deux musiciens, griots de surcroît. Songazine est blindé contre le mauvais sort, bardé des gris-gris des Anikulapo Kuti et sous la protection éternelle d’un Ali Farka Touré. L’Afrique est notre amie, il est d’ailleurs temps de lui faire honneur en louant comme il se doit deux de ses fils réellement doués. Trop même, comme on dirait à Abidjan.
Baba Sissoko vient du Mali et il nous livre ici 11 titres très bien produits, belles balades blues, chants mélodieux, ritournelles touchantes (Il ne faut pas écouter), mêlant les instruments traditionnels et les guitares électriques. De douces voix féminines nous bercent et nous transportent, et comme en Afrique tout est affaire de famille, il s’agit de sa mère et de sa fille. Nous sommes, vous êtes les bienvenus chez Baba Sissoko, son talent est grand. Buvons ensemble, mangeons avec joie, partageons des moments sincères avec ce musicien.



Voguant en pirogue sur le Niger, sous le ciel infini et un sourire aux lèvres nous le suivons, notre esprit dévale le cours magique de ses évocations et le cours du fleuve nous amène tout droit vers la Guinée Conakry… où nous débarquons pour rencontrer Moh ! Kouyaté.
Un son plus roots, mais aussi syncopé pour cet adepte du blues et de l’afro-jazz, lui aussi descendant d’une grande famille de griots. A peine avons-nous eu le temps d’embrasser Baba Sissoko que Moh ! nous prend par la main et nous fait danser car dans les 16 titres de Loundo on trouve ce qu’il faut (Yéllé), mais aussi éprouver nostalgie et rêverie : sa voix est chaude et nous voulons devenir son ami, à lui aussi. Excellent guitariste, il nous prend dans sa bonne magie, celle qui guérit les cœurs et fait chanter les âmes.
Homme de paix, comme moi, tu laisseras la musique venir à toi. Je te demande de ne pas offenser les ancêtres en te comportant avec dignité et respect, en achetant les disques de Baba Sissoko et Moh ! Kouyaté.



Nous reprenons notre voyage, marchant à travers la brousse, passant par des villages paisibles où des enfants nous tiennent la main. Nous écoutons Three Gees et Loundo, la vie est belle, l’Afrique nous guide nos pas, la femme aux cauris avait raison.
Elle a toujours raison.


Jérôme « jusqu’à…fatigué » V.