La vieille
femme avait jeté les cauris sur le sol, elle me regardait en souriant et dit
doucement : « il n’y a pas de
hasard, tu verras, la musique viendra toujours vers toi »…
Et le même
jour, par la Poste j’ai reçu dans ma boîte aux lettres un disque de Baba Sissoko (Three Gees), et celui de Moh !
Kouyaté (Loundo). Alors, aucun
djinn, ni esprit mauvais ne m’empêchera de faire ma chronique sur ces deux
musiciens, griots de surcroît. Songazine est blindé contre le mauvais sort, bardé
des gris-gris des Anikulapo Kuti et sous la protection éternelle d’un Ali Farka
Touré. L’Afrique est notre amie, il est d’ailleurs temps de lui faire honneur
en louant comme il se doit deux de ses fils réellement doués. Trop même, comme on dirait à Abidjan.
Baba Sissoko vient du Mali et il nous livre ici
11 titres très bien produits, belles balades blues, chants mélodieux,
ritournelles touchantes (Il ne faut pas
écouter), mêlant les instruments traditionnels et les guitares électriques.
De douces voix féminines nous bercent et nous transportent, et comme en Afrique
tout est affaire de famille, il s’agit de sa mère et de sa fille. Nous sommes,
vous êtes les bienvenus chez Baba Sissoko, son talent est grand. Buvons ensemble,
mangeons avec joie, partageons des moments sincères avec ce musicien.
Voguant en
pirogue sur le Niger, sous le ciel infini et un sourire aux lèvres nous le
suivons, notre esprit dévale le cours magique de ses évocations et le cours du
fleuve nous amène tout droit vers la Guinée Conakry… où nous débarquons pour
rencontrer Moh ! Kouyaté.
Un son plus
roots, mais aussi syncopé pour cet adepte du blues et de l’afro-jazz, lui aussi
descendant d’une grande famille de griots. A peine avons-nous eu le temps d’embrasser
Baba Sissoko que Moh ! nous prend par la main et nous fait danser car dans
les 16 titres de Loundo on trouve ce qu’il faut (Yéllé), mais aussi éprouver
nostalgie et rêverie : sa voix est chaude et nous voulons devenir son ami,
à lui aussi. Excellent guitariste, il nous prend dans sa bonne magie, celle qui
guérit les cœurs et fait chanter les âmes.
Homme de
paix, comme moi, tu laisseras la musique venir à toi. Je te demande de ne pas
offenser les ancêtres en te comportant avec dignité et respect, en achetant les
disques de Baba Sissoko et Moh ! Kouyaté.
Nous
reprenons notre voyage, marchant à travers la brousse, passant par des villages
paisibles où des enfants nous tiennent la main. Nous écoutons Three Gees et
Loundo, la vie est belle, l’Afrique nous guide nos pas, la femme aux cauris avait
raison.
Elle a
toujours raison.
Jérôme « jusqu’à…fatigué »
V.