mardi 14 janvier 2014

Bowie- Michel Molinier

Bowie

Dans la suave tiédeur de nos corps encore imprégnés et seulement effleurés par la douce lumière du matin, elle, mutine, et délicieusement insoumise s'asseyait près de la chaîne Hi-Fi jaune et de gris bordée.
Ses doigts agiles, précis et fins glissaient rapidement dans la pochette blanche pour retirer le vinyle noir.
Nous étions aux premiers jours de l'hiver 77.
Ce rituel, elle l'accomplissait chaque fois que, lassés de caresses, nous nous abandonnions aux notes de musique qui enveloppaient la chambre pour nous rapprocher encore et encore...
Invariablement, la musique enflammait la pièce bleu et gorgeait nos cœurs de sang nouveau, rouge.
Oh, we can be heroes just a one day...
Elle se nommait Rouly, cela rime avec Bowie.
Sa peau blanche et les cheveux roux comme lui.
Elle l'aimait, je l'aimais, nous nous aimions.
Elle savait marcher sans musique, silencieuse. Elle pouvait danser comme l'on marche sans musique. C'était en 77 !
Lorsque je regarde les hommes et les femmes assis dans le métro, très souvent ces paroles me reviennent.
Peuple de l'ombre réveillez-vous, we can be heroes just a one day.