Bowie
Dans la suave
tiédeur de nos corps encore imprégnés et seulement effleurés par la douce
lumière du matin, elle, mutine, et délicieusement insoumise s'asseyait près de
la chaîne Hi-Fi jaune et de gris bordée.
Ses doigts agiles, précis
et fins glissaient rapidement dans la pochette blanche pour retirer le vinyle
noir.
Nous étions aux
premiers jours de l'hiver 77.
Ce rituel, elle
l'accomplissait chaque fois que, lassés de caresses, nous nous abandonnions aux
notes de musique qui enveloppaient la chambre pour nous rapprocher encore et
encore...
Invariablement, la
musique enflammait la pièce bleu et gorgeait nos cœurs de sang nouveau, rouge.
Oh, we can be heroes just a one day...
Elle se nommait
Rouly, cela rime avec Bowie.
Sa peau blanche et
les cheveux roux comme lui.
Elle l'aimait, je
l'aimais, nous nous aimions.
Elle savait marcher
sans musique, silencieuse. Elle pouvait danser comme l'on marche sans musique.
C'était en 77 !
Lorsque je regarde
les hommes et les femmes assis dans le métro, très souvent ces paroles me
reviennent.
Peuple
de l'ombre réveillez-vous, we can be heroes just a one day.