Pink Floyd –
High Hopes (1994)
“High Hopes”,
c’est tout sauf une chanson pour teenagers.
Quand elle est sortie, j’avais 22 ans et je suis passé à côté. J’en ai 40
aujourd’hui et elle figure à mon Panthéon personnel. Elle parle de remords, de
regrets, du temps qui passe et de ce que l’on en a fait, du désir, de
l’ambition, de leur réalisation ou, au contraire, de la frustration qui grandit
en nous. Non, décidément, pas une chanson pour les « 20 something ».
La chanson fait en permanence référence à un passé
mythifié (« The grass was greaner
(…) The nights of
wonder ») qui est celui de la jeunesse de l’auteur (« the place we lived when we were
young »). L’ambition de la chanson est assez simple à décrypter “the ringing of the division bell had begun”.
La « division bell », qui
donne son nom à l’album, est la cloche du Parlement Anglais qui signale aux
membres de celui-ci qu’ils vont devoir choisir leur camp en vue d’un vote. Il
s’agit donc d’un inventaire de vie, plus ou moins à mi-parcours, où se lit le
regret voire le remord (« Steps
taken forwards but sleepwalking back again. Dragged by the force of some inner
tide »), une faim inassouvie malgré la gloire et les succès (« Encumbered forever by desire and
ambition
There's a hunger still unsatisfied”) mais aussi un début de renoncement, annonciateur d’une forme de sagesse (“The water flowing. The endless river.
Forever and ever »)
There's a hunger still unsatisfied”) mais aussi un début de renoncement, annonciateur d’une forme de sagesse (“The water flowing. The endless river.
Forever and ever »)
Un autre fait transparaît clairement dans cette
chanson : Pink Floyd et notamment Roger Waters, ne s’est jamais remis du
départ de son premier leader, Syd Barrett, en 1972. Celui-ci a été mis dehors
par les autres membres car il s’enfonçait (plus que les autres) dans le LSD. Entre
1975 et 2006, Barrett a vécu retiré du monde avant de mourir à 60 ans d’un
cancer du pancréas. Visiblement, Waters vit avec le regret et la culpabilité
liés au destin de Barrett même si la décision qu’il a prise était apparemment
la bonne. Il exprimait ce sentiment dès 1975 dans « Wish you were here ». A la fin du clip de « High Hopes », on voit une statue
monumentale du buste de Syd Barrett. Culpabilité et regret éternels.
L’autre fait marquant, c’est la langue. Roger Waters a
rencontré Syd Barrett au lycée de Cambridge. Tous les membres du groupe sont des
enfants de la classe moyenne anglaise (le père de Gilmour était par exemple
maître de conférences à Cambridge). Et ils n’ont jamais vraiment renié leur lien
à certains attributs du Royaume. Certes, leurs penchants psychédéliques ne les
inclinaient pas non plus à une dévotion exagérée envers la Reine Mère mais les
paroles de « High Hopes »
montrent leur attachement à la langue anglaise. Les mots
sont ciselés dans un anglais très « Oxford » et les références sont
érudites (la Division Bell).
Je n’ai jamais vraiment aimé le Floyd, j’ai évidemment écouté The Wall et Money comme les autres gens de ma génération mais la forme ne me
plaisait guère et le fond ma paraissait par trop convenu. Les chansons
planantes ne sont pas trop mon truc non plus, à part peut-être « Learning to fly ». Reste
cette veine issue de la rupture avec Barrett, les regrets et interrogations de
ces sexas.