Quand on écrit des chroniques
musicales, des articles et des commentaires, on le fait pour les autres et
aussi pour soi, bien sûr. En effet, il est fort valorisant de dire : lisez,
voici mon opinion sur ce groupe ou cette chanson, qui vachement bien, extraordinaire
et au dessus du lot. L’avis publié contient de
facto un supplément qui est plus que sous-entendu : en clair, si moi-
sans majuscule, ne poussons pas- je vous parle d’un truc superbe et généreux,
passionnant et mémorable, j’en suis partie prenante, via le bout de ma plume. CQFD !
Mon témoignage faussement modeste me hausse du col car je vous
délivre, illuminé de gloire adjacente, un message de qualité sur des musiques
de qualité.
Dans un deuxième temps, il y a l’aspect fraîcheur de l’information. Quand le journal gratuit du métro
découvre Fauve±, deux ans après les aficionados
initiés et juste avant un sujet bref en fin de Journal sur France 2, les
puristes disent « oh la la, on
savait déjà ! » –puristes français, notez-le au passage, car ils
disent oh la la, afin que les anglo-saxons
les reconnaissent sans erreur-.
Dans les lignes qui suivent, je vous l’avoue
sans détour je vais petit un évoquer
un morceau grandiose qui me grandit à son écoute et petit deux faire hausser les épaules maigres des fans d’un groupe
trop peu connu mais déjà suivi par de farouches partisans. Voici Sleep,
d’une durée de près de 24 minutes ; un instrumental hallucinogène en plusieurs
parties partant de quelques notes aériennes et têtues vers un martelage sonique
provoquant le déséquilibre puis mourant sur un final plein de nostalgie. Les
noms sont à tiroirs et de belle facture, il s’agit du groupe Godspeed
You Black Emperor ! qui l’insère dans l’album : LiftYour Skinny Fists Like Antennas To Heaven.
Je vous avais prévenu. Vous et moi
sommes désormais dans la catégorie plus, la première classe des initiés. Modeste ne sera jamais notre prénom. Nous
pouvons écouter Sleep deux ou trois fois de suite, prendre un air entendu lorsque
nous nous verrons et avoir un léger sourire aux lèvres qui emmerdera
puissamment les passagers tassés et mal réveillés de la ligne 4 du Métro
parisien qui font la tronche de 7heures 00 du matin jusqu’à 23h59 et 59
secondes de la nuit.
Jérôme V.
Jérôme V.