Ages and Ages est un
groupe originaire de Portland dans l’Oregon. Mais il faut voir plus loin que le
simple mot « groupe », il représente en fait un collectif : un groupe de
personnes rassemblées par les initiateurs du projet, Tim Perry et Rob
Oberdorfer, en 2009. Sur scène, ils sont 7 à chanter et ils jouent tous d’un
instrument : Ils sont deux guitaristes -Tim Perry et John
McDonald -, un bassiste -Rob Oberdorfer -, un batteur -Levi
Cecil -, une claviériste - Becca Shultz -, et deux
percussionnistes - Annie Béthancourt et Sarah Riddle -.
Leur second album sorti
officiellement depuis hier, qui s’intitule Divisionary, a été
signé chez Partisan Records.
L’album se compose de 11
chansons agréablement agencées, avec de multiples harmonies vocales qui
embellissent avec éclat leur musique. Ages and Ages a un pied dans de la pop
très actuelle, et l’autre dans les sixties, nous rappelant le mouvement de
contre-culture et cette volonté de valoriser l’âme.
Le son de l’album donne
l’impression qu’il est issu d’une captation live, il en ressort une
convivialité, un enthousiasme très contagieux. Les arrangements sont subtils,
sans fioritures, ce qui renforce ce sentiment de spontanéité quand on écoute
leur disque. On pourrait facilement se croire à une jam session, où chacun
vient avec sa voix et son instrument, et rajoute sa patte. Le plus difficile,
c’est de donner l’impression que tout a été une évidence, alors que le travail
de fond est minutieusement orchestré. Ages and Ages l’a fait.
Le premier single sorti
est celui qui porte le même nom que l’album, Divisonary (Do the Right
Thing). C’est un hymne profondément optimiste, qui se veut fédérateur. Le
titre gagne en force à mesure que les voix renchérissent sur les instruments,
eux aussi de plus en plus nombreux. Les paroles font échos aux erreurs, aux
choix que l’on peut faire et qui déterminent la personne que l’on devient. Le clip évoque
particulièrement la jeunesse, on peut se demander la part d’autobiographie dans
l’histoire de cette chanson. Les chœurs ajoutent beaucoup à l’émotion. Il y a
cette notion d’unité, d’unicité qui transparaît dans tout l’album. La puissance
de faire partie de quelque chose de grand, et en tirer une force qu’on ne se
soupçonnait pas.
Cette chanson a suscité
un tel engouement, que même Barack Obama l’a intégré à sa playlist de
réélection sur Spotify. Une publicité qui ajoute une dimension politique à une
chanson qui ne l’était pas profondément au départ.
L’optimisme est le fil
rouge de leurs albums, mais il ne faut pas confondre avec de la naïveté. Il
s’agit de se servir de ses failles pour construite quelque chose de grandiose.
Il faut chercher plus loin que le caractère solaire, lumineux, de leur musique.
Ages and Ages, c’est une invitation à échanger, à communiquer. On a envie de
battre des mains, de chanter avec eux, on peut facilement s’identifier à leurs
mots, à leur maux. C’est comme un voyage introspectif.
Light goes out commence comme une bonne dose de vitamines
le matin. On gambade joyeusement avec I see
more et Over it. On prend une douce pause avec Our Demons etAnte Up.
Et l’album se termine avec le magique Divisionary (Do the right thing).
Ce deuxième album
témoigne d’un travail plus élaboré que sur Alright You Restless, une prise de
recul sur la vie, une vision plus distancée de la société dans laquelle nous
évoluons. On observe une esthétique plus raffinée.
Divisionnary est un mot
valise qui renvoie à vision et division, l’idée que toute vision provoque des
conflits dont on doit se servir pour s’élever.
Ages and Ages nous
offrent des hymnes à fredonner en chœur, avec des paroles qui s’impriment
facilement dans notre esprit. Une poésie roots avec un brin d’anarchie. Un
album plein de couleurs qui n’oublie pas le gris mais qui s’en sert !
Amandine Bazin