J’ai eu la chance de préparer une conférence-débat sur la musique punk récemment.
Bon sang ! Une conférence-débat sur
la musique punk, ceci est intrinsèquement drôle, non ? Et si mon
double de 1979 m’entendait, tiens, il irait vomir dans un coin. On hurle tous « Hope I die before I get old !” Après, on
se calme et puis on change d’idée, sauf si l’on s’appelle Kurt Cobain, John
Bonham, Sid Vicious, Amy Pinard-Maison
et plein d’autres fracassés par des seringues, des pilules, des bouteilles ou
des véhicules rapides. Ou même Malcolm Owen, ex-chanteur des Ruts, groupe dont
je veux vous faire l’apologie ici et maintenant (c’est mon côté conférence-débat qui ressort).
Trop vite, trop fort, trop près du soleil, la liste est longue de ceux qui
ont fondu comme les ailes d’Icare sous les sunlights du rock and roll. Chez les
Ruts, c’était parti en flèche. Vous en
conviendrez peut être avec moi, il faut souligner que la puissante notion qui
ressort de l’écoute de leur premier album, The
Crack (1979) est clairement celle d’urgence
absolue. Album qu’il fallait et faut encore écouter tout de suite, mettre
le volume à fond, se dépêcher d’en profiter ou de tout casser avant, avant… je
ne sais pas quoi, mais le temps passe trop vite et on va le regretter un jour,
vous voyez le genre de trucs ? Je dois vous avouer que parmi mes chansons
préférées « ever » figurent Babylon’sBurning et Jah War.
La
première est la bande son de la fin du monde ou du début de la révolution, elle
est très puissante, elle avance comme un tank fou en roue libre sur une pente
de piste noire et le conducteur vient de s’apercevoir que les freins ont lâché.
La voix de Malcolm Owen me saisit, je sais qu’il a raison parce que noir,
putain, c’est noir et pourtant je l’aime. La seconde est un reggae de blancs
tout blêmes mais tranchant comme un rasoir. C’est glacial et brûlant, une
omelette norvégienne ourlée de piments rouges, qui vous restera à jamais gravée
sur les papilles. Je ne pourrais mieux caractériser la notion de riff de
guitare qui sonne bien, si bien. Brillante, attachante, inoubliable, que
pourrait-on rêver de mieux quand on commence à composer une chanson ? Vous
me direz alors, une main sur la hanche et de l’autre me tendant un index
narquois : « Dis donc toi, le spécialiste de la conférence-débat, tu
ne serais pas un brin nostalgique de 1979 et tutti quanti ? »
Je vous répondrai humblement que c’est foutrement vrai, que ceux qui ne
sont pas morts sont justement là pour ça. Fromage et dessert : un jour aux
urgences, pleins d’autres à la nostalgie. En bonus ? Un grand, fort et
beau double merci aux Ruts.
Jérôme "punk not dead" V.