lundi 31 mars 2014

Urgents étaient les Ruts !

J’ai eu la chance de préparer une conférence-débat sur la musique punk récemment. Bon sang ! Une conférence-débat sur la musique punk, ceci est intrinsèquement drôle, non ? Et si mon double de 1979 m’entendait, tiens, il irait vomir dans un coin. On hurle tous   « Hope I die before I get old !” Après, on se calme et puis on change d’idée, sauf si l’on s’appelle Kurt Cobain, John Bonham,  Sid Vicious, Amy Pinard-Maison et plein d’autres fracassés par des seringues, des pilules, des bouteilles ou des véhicules rapides. Ou même Malcolm Owen, ex-chanteur des Ruts, groupe dont je veux vous faire l’apologie ici et maintenant (c’est mon côté conférence-débat qui ressort).
Trop vite, trop fort, trop près du soleil, la liste est longue de ceux qui ont fondu comme les ailes d’Icare sous les sunlights du rock and roll. Chez les Ruts, c’était parti en flèche.  Vous en conviendrez peut être avec moi, il faut souligner que la puissante notion qui ressort de l’écoute de leur premier album, The Crack (1979) est clairement celle d’urgence absolue. Album qu’il fallait et faut encore écouter tout de suite, mettre le volume à fond, se dépêcher d’en profiter ou de tout casser avant, avant… je ne sais pas quoi, mais le temps passe trop vite et on va le regretter un jour, vous voyez le genre de trucs ? Je dois vous avouer que parmi mes chansons préférées « ever » figurent Babylon’sBurning et Jah War
La première est la bande son de la fin du monde ou du début de la révolution, elle est très puissante, elle avance comme un tank fou en roue libre sur une pente de piste noire et le conducteur vient de s’apercevoir que les freins ont lâché. La voix de Malcolm Owen me saisit, je sais qu’il a raison parce que noir, putain, c’est noir et pourtant je l’aime. La seconde est un reggae de blancs tout blêmes mais tranchant comme un rasoir. C’est glacial et brûlant, une omelette norvégienne ourlée de piments rouges, qui vous restera à jamais gravée sur les papilles. Je ne pourrais mieux caractériser la notion de riff de guitare qui sonne bien, si bien. Brillante, attachante, inoubliable, que pourrait-on rêver de mieux quand on commence à composer une chanson ? Vous me direz alors, une main sur la hanche et de l’autre me tendant un index narquois : « Dis donc toi, le spécialiste de la conférence-débat, tu ne serais pas un brin nostalgique de 1979 et tutti quanti ? »

Je vous répondrai humblement que c’est foutrement vrai, que ceux qui ne sont pas morts sont justement là pour ça. Fromage et dessert : un jour aux urgences, pleins d’autres à la nostalgie. En bonus ? Un grand, fort et beau double merci aux Ruts.       

Jérôme "punk not dead" V.