mercredi 21 mai 2014

Julien says...

À treize ans, j'ai découvert le Rock alternatif et le Post-punk avec Nirvana, comme beaucoup d'autres que moi. J'ai très vite compris que tout ce truc Grunge, c'était pile ce qu'il me fallait. Ça m'envoyait dans les cordes et me taclait délicieusement là où c'était bon. Débuts inconscients de tout ce qui allait être le leitmotiv des vingt piges à venir. C'était définitivement ma came. 
Sauf qu'un an plus tard, en 94, une fois Cobain cané, un trou béant s'est creusé. 
Alors je me suis envoyé toute la discographie maudite façon binge drinking, le plus souvent possible, pensant que je pourrai tenir un temps avec ça. L'attitude était là, les sapes Grunge aussi, cheveux long un peu (pas trop) dégueu, j'avais la panoplie, tout... Tout sauf que j'en voulais plus. 
Cobain et tout le cirque Grunge avaient dessiné, gravé dans ma peau au burin les contours de la faille, faille qui ne demandait qu'à s'ouvrir encore plus, faille qui est toujours en moi aujourd'hui et que j'ai qualifié bien plus tard de "Faille Cobain". 
Trop jeune et pas assez épongé de zique pour chercher dans le Passé ce qui avait pu conduire à ce son, cet Univers excitant et libérateur de tant de sensations. Merde...
Alors, quand ces foutus australiens, quasi du même âge que moi, ont débarqué en 95, Silverchair est vite devenu mon Subutex. J'avais naïvement l'impression de pouvoir refaire le parcours comme j'aurai voulu le faire avec Nirvana. Bitures, drogues, concerts en mode défonces sonores et pogos à gogos, les vannes étaient rouvertes et, grâce au raz-de-marée MTV, les possibilités semblaient illimitées. 
De là à décrocher le poster iconique du Bel Ange Blond Cassé consciencieusement punaisé au dessus de mon lit, non... mais mon cahier des charges était validé. Point. C'était comme dans une teuf où t'es arrivé à la fin, crevant la dalle, et que la plus bonne meuf est déjà prise ou s'est déjà tirée avec un autre alors que t'es venu QUE pour elle dans tes plus beaux atours de jeune déjanté complexe mais sensible, sexy, mystérieux et se donnant l'air super écorché, à vif et des trucs plein le cerveau. Je me suis donc rabattu avec toute la fébrilité restante sur sa copie approximative adolescente et mal façonnée mais qui donnait l'illusion, l'illusion que je pouvais reprendre le train en marche, depuis le point de départ jusqu'au terminus du Présent et commencer enfin à prendre mon pied...Et même si tout ou presque est pardonnable à quinze ans, ce qu'on peut être sacrément naze des fois.
On a tous des petits secrets de gamins inavoués...

Julien B.