mercredi 21 mai 2014

Du bon usage de la tête de mort

Chaque jour j’aperçois le puissant symbole de la tête de mort sur de trop multiples supports et cela m’agace quelque peu. Comprenez-moi. Cette image est a priori chargée de sens extrême, de terreur et de cette fin qui nous attend au coin du bois. Tremblez, pauvres humains vous êtes périssables comme des yaourts et votre date de péremption est déjà imprimée dans votre code ADN, voire sur la plaque d’immatriculation du 35 tonnes bulgare qui vous attend sur la RN316 un soir d’automne. En quelques mots respectueux, la tête de mort est à manipuler avec crainte, réservée pour l’ornement du drapeau de pirates authentiques, des pochettes disques de groupes de Death Metal et des emballages de produits interdits aux non-chimistes chevronnés.

Mais, hélas, je vois notre pauvre crâne sur les coques de smart phones (piètre alternative à Héééllo Kikky ?), des sacs à main pleins de paillettes et nombre de t-shirts portés par ce que mes fils appellent des « kikou lol ». NB : le kikou lol est de facto ce que l’on nommait en 1981 une fiotte, la différence avec 2014 étant de l’ordre de quelques giga-octets mais les goûts musicaux à la noix et la volonté de conformisme tiède semblent bien identiques.


Vous visualisez maintenant ce que je veux exprimer ici : la tête de mort est partout, se montre excessivement et se peint en rose ou se décline en guimauve. Des mères de familles au charme enfui, des élèves de CE2 qui n’ont jamais écouté Motörhead, des fans de l’Eurovision qui n’ont jamais entendu grand chose, des ados maigres aux dents baguées (quelle horreur !) et même des vacanciers bedonnants , tous arborent le crâne humain en toute insouciance. 
Moi je dis : « non, non, non ! », je pousse un cri et m’insurge. Mais cela restera un craquement  dans le vide interstellaire, un appel sans écho, un bruit déchirant la nuit froide dans un cimetière sinistre, émis par un squelette abandonné dont le crâne ricane et grimace. Et ça, ça fait peur !     

Jérôme V.