jeudi 26 juin 2014

Tuco, RIP

Après le passage obligé du grand tunnel blanc et lumineux, le grand et fort sage Eli Wallach arriva aux Portes du Paradis. En ce 24 juin 2014, à l’âge de 98 ans, il était passé de vie à trépas. Beaucoup en furent touchés, l’homme avait (bien) joué dans plusieurs dizaines de films dont de très bons.
Cette musiquerésonna soudain.  

Il fut accueilli par L’estasi dell’Oro, morceau sublime qui illustre la fameuse scène du cimetière dans Le Bon, la Brute et le Truand. Marylin en personne vint lui remettre sa clef, avec une brigade de sosies de la Baby Doll d’Elia Kazan, pour faire bonne mesure. On avait sorti le dispositif d’accueil de niveau 1.Le Grand Orchestre phil-angélique était au complet. Des milliers de voix puissantes et célestes s’entrelaçaient pour faire éclater entre les cumulo-nimbus des cascades d’harmonies. 
Les cordes vibraient, les cuivres étincelaient, une rythmique puissante vous prenait aux tripes et l’ensemble dégageait une force émotionnelle extraordinaire. Même en Enfer, ils avaient du mal à atteindre de pareils niveaux sonores et harmoniques (sans compter les grèves récurrentes et les bouderies ou bagarres entre musiciens mais ceci est une autre histoire). Nimbé de lumière, Eli Wallach se rendit compte qu’il avait à nouveau son apparence de 1966, avec le costume qu’il portait pour interpréter le Truand, aka Tuco.
Le cigare était inclus et il en tira une puissante bouffée, se sentant désormais léger comme une bulle de champagne. C’était donc ça, après la mort, pour un vieil acteur comme lui ? Tutto bene, comme on disait à Cinecitta ! Il se mit à rire puissamment et son hilarité fut reprise en écho par Sergio Leone qui assistait à cette cérémonie, barbu et flottant entre deux archanges à poncho portant des bottes tout en jouant de l‘harmonica.
Au loin galopaient les Sept Mercenaires, portés par des chevaux de feu dont les sabots tourbillonnaient dans une traînée d’étincelles éblouissante ; ils arrivaient vers Eli Wallach à grande vitesse pour lui souhaiter une bonne arrivée dans l’Eternité. Lee Van Cleef, qui n’avait jamais été une Brute dans la vraie vie, tira alors une salve de cartouches en l’air, de sa Winchester à chargeur infini et les festivités commencèrent. Ce n’est pas parce qu’on était au Paradis qu’on ne devait pas manger, ni boire, nom du …Patron ! !
Quelque part sur la Terre, de belles pensées s’envolèrent vers notre homme et il les entendit, ferma les yeux et en fut heureux. Il savait que son vieil ami Clint Eastwood le rejoindrait bientôt et qu’ils se rejoueraient les scènes d’antan, juste pour le plaisir.

Tu vois, le monde se divise toujours en deux catégories...

J."spaghetti" V.