lundi 7 juillet 2014

Amitié franco-allemande ?

Ok, merde, on a perdu. On a encore perdu. 1-0 contre la « Mannschaft ». Pour le football, on va dire qu’avec eux, on tombe souvent sur un os et un gros en acier trempé. Pour faire diversion, je ne vais pas trop remuer le couteau dans la plaie, ressortir le scandale de ’82, le stress de 1986 et tutti quanti en incluant 2014.
Diversion, coup de haut-parleur, aérons le salon, jetons les chips et les canettes vides, on change de bocal ! Parlons plutôt de l’amitié germano-américaine ! En langue de Goethe on dit : Deutsch-Amerikanische Freundschaft, aka DAF, comme il était écrit du côté de Check Point Charlie à Berlin Ouest, avant… bien avant.
Pour une période de gloire étalée de 1978 à 1983, et ressortant du placard en 2003, un groupe bien allemand s’est donc ainsi nommé. Un duo de types aux yeux sombres, habillés de noir façon cuir et T-shirt sans manche, genre coupe rasée sur les côtés et gomina au milieu. En sueur. Un poil féroce sur le dance floor, hétéro ou gay. Des biceps, pas comme les autres new wave à mèche, maigres et pâles, et pas du tout costumés en punks : un aspect différent. Pas banal, limite, en tout cas je m’en souviens encore !
Ils ont sorti 3 albums mémorables et uniques, emplis de bruit et de Führer. Facile, celle là me direz vous ! Non, car leur titre le plus connu s’appelait Der Mussolini et nous incitait bel et bien à imiter (en dansant, et pas plus, restons honnêtes) les pires dirigeants européens du siècle dernier, l’italien du titre et celui à petite moustache et gros dégâts. Leur ex-compatriote, si j’ose dire, à qui de facto ils devaient leur nom.  Pas de guerre, pas de bordel, pas de pays coupé en deux, pas de Berlin isolée au milieu d’un gros pavé rouge sur la carte ; CQFD, et donc DAF.
Comme j’ai pris allemand seconde langue au lycée, je comprenais assez bien les paroles de toutes les chansons. C’est beau les paroles en allemand quand on pige un peu. La très troublée Der Raüber und der Prinz nous parlait d’un prince enlevé par le voleur et apparemment très ému, voire amoureux. Ah bon ? Les mots tabous au niveau histoire germanique, et maintenant zizi panpan entre garçons. J’avoue qu’en 1983, c’était plus confidentiel le coming out… Alors je regardais à nouveau les pochettes de disques et me disais que ces DAF avaient une conception franche et huilée de l’amitié entre les peuples et les gens (de cuir vêtu, ach ach ach…)
Ceci dit, on s’en tapait, on a aimé la musique et le son brut, composé de vraie batterie frappée très fort, synthés violents et de cette voix forte et claire. Un duo qui avançait de façon déterminée, franchissant le Mur et les sons, disant Ich Will (je veux) ou nous saisissant à la gorge comme si c’était la dernière fois (Als war das letzte Mal) et nous sommant de dépenser/brûler notre jeunesse (Verschwende deine Jugend). De mon point de vue : un style unique, une personnalité marquante et une trace rouge dans l’histoire musicale des 80’s. Oser, ils l’ont fait. Créateurs et sûrement influences réelles pour de nombreux autres.  Trop peu connus, comme souvent les artistes un poil (assurément ici… pubien) en avance sur leur temps.
En attendant, on ne va pas faire semblant. On a perdu, ça nous enrage sur le moment, les trucs genre fraternité entre les peuples LOL et hymne à la joie LOLILOL, on verra plus tard car il est temps de se passer les nerfs  en écoutant le plus fort possible les disques de DAF.

Jérôme von Vaillant