Ok, merde, on a perdu. On
a encore perdu. 1-0 contre la « Mannschaft ». Pour le football, on va
dire qu’avec eux, on tombe souvent sur un os et un gros en acier trempé. Pour
faire diversion, je ne vais pas trop remuer le couteau dans la plaie, ressortir
le scandale de ’82, le stress de 1986 et tutti quanti en incluant 2014.
Diversion, coup de
haut-parleur, aérons le salon, jetons les chips et les canettes vides, on
change de bocal ! Parlons plutôt de l’amitié germano-américaine ! En
langue de Goethe on dit : Deutsch-Amerikanische
Freundschaft, aka DAF, comme il était écrit du côté de Check Point Charlie
à Berlin Ouest, avant… bien avant.
Pour une période de
gloire étalée de 1978 à 1983, et ressortant du placard en 2003, un groupe bien allemand s’est donc ainsi nommé. Un duo de types aux yeux sombres, habillés de
noir façon cuir et T-shirt sans manche, genre coupe rasée sur les côtés et
gomina au milieu. En sueur. Un poil féroce sur le dance floor, hétéro ou gay. Des
biceps, pas comme les autres new wave à mèche, maigres et pâles, et pas du tout
costumés en punks : un aspect différent. Pas banal, limite, en tout cas je
m’en souviens encore !
Ils ont sorti 3 albums
mémorables et uniques, emplis de bruit et de Führer. Facile, celle là me direz
vous ! Non, car leur titre le plus connu s’appelait Der Mussolini et nous
incitait bel et bien à imiter (en dansant, et pas plus, restons honnêtes) les
pires dirigeants européens du siècle dernier, l’italien du titre et celui à
petite moustache et gros dégâts. Leur ex-compatriote, si j’ose dire, à qui de
facto ils devaient leur nom. Pas de
guerre, pas de bordel, pas de pays coupé en deux, pas de Berlin isolée au
milieu d’un gros pavé rouge sur la carte ; CQFD, et donc DAF.
Comme j’ai pris allemand
seconde langue au lycée, je comprenais assez bien les paroles de toutes les
chansons. C’est beau les paroles en allemand quand on pige un peu. La très
troublée Der Raüber und der Prinz nous parlait d’un prince enlevé par le voleur
et apparemment très ému, voire amoureux. Ah bon ? Les mots tabous au
niveau histoire germanique, et maintenant zizi panpan entre garçons. J’avoue
qu’en 1983, c’était plus confidentiel le coming out… Alors je regardais à
nouveau les pochettes de disques et me disais que ces DAF avaient une
conception franche et huilée de l’amitié entre les peuples et les gens (de cuir
vêtu, ach ach ach…)
Ceci dit, on s’en tapait,
on a aimé la musique et le son brut, composé de vraie batterie frappée très
fort, synthés violents et de cette voix forte et claire. Un duo qui avançait de
façon déterminée, franchissant le Mur et les sons, disant Ich Will (je veux) ou nous saisissant à la gorge comme si c’était
la dernière fois (Als war das letzte Mal)
et nous sommant de dépenser/brûler notre jeunesse (Verschwende deine Jugend). De mon point de vue : un style
unique, une personnalité marquante et une trace rouge dans l’histoire musicale
des 80’s. Oser, ils l’ont fait. Créateurs et sûrement influences réelles pour
de nombreux autres. Trop peu connus,
comme souvent les artistes un poil (assurément ici… pubien) en avance sur leur
temps.
En attendant, on ne va
pas faire semblant. On a perdu, ça nous enrage sur le moment, les trucs genre fraternité
entre les peuples LOL et hymne à la joie LOLILOL, on verra plus tard car il est
temps de se passer les nerfs en écoutant
le plus fort possible les disques de DAF.
Jérôme von Vaillant
Jérôme von Vaillant