samedi 30 août 2014

Je ne sais pas surfer

Pas de chance.

Pas de courses sur la plage, alors que le soleil doux vous caresse le visage, avant la claque glacée de l’océan bouillonnant. Pas d’attente de cette onde mouvante et géante, qui se termine dans un fracas invraisemblable. Pas de camping sauvage, de soirée inoubliable sur la grève, arrosée au houblon et éclairée au feu de bois flotté, ni d’excursion folle dans un minibus VW vintage, le long de côtes sauvages et magnifiques. Pas de groupies alanguies, minces comme des roseaux et blondes comme un champ de blé norvégien, aux cils délicatement parsemés de minces cristaux de sel séché. Pas de démarrage magique sur la crête d’un rouleau magique et impétueux. Pas de glorieuse incertitude du trajet parfait, vibrant, incertain et toujours trop court. Surfin’ USA, Guéthary, La Torche ou des îles genre Tahiti dont le nom finit par « kiki » ? Nope !

Je suis à Paris, il fait gris et j’ai 89 e-mails non lus. La mer est loin, l’automne grimace et mon solde de jours de congés frôle le QI d’une mésange siliconée de la téléréalité. Presque négatif. Il me reste à écouter the Dedicated Nothing et leur album éponyme, tout frais sorti d’un brumisateur atlantique, pondu par 4 garçons  secoués dans les rouleaux de Biarritz. Le 6 octobre, il sera disponible dans tous les bons spots. Voilà une modeste opinion, après deux ou trois écoutes backside, pile après le shore break. C’est joli, énergique et revitalisant, comme un spray d’eau minérale sur le visage. Du bon rock, agréable et punchy. Aérien, motivé, héroïque. On pense peu à Placebo, un poil aux Undertones voire aux excellents Arctic Monkeys. Pour la guitare, relire le manuel  «Johnny Marr en dix leçons », mais c’est un compliment car je ne sais pas surfer et je n’en suis pas encore à la première…des dix leçons, alors !  
Miky Dora, leur idole, avait donc classé les surfeurs en 4 catégories -dont les « Dedicated Nothing »- En tant que membre  potentiel d’une hypothétique cinquième, Les Enclumes qui coulent (Sinking Anvils en anglais), je ne sombre pas à pic tout de suite en buvant le bouillon, car j’ai ce très bon disque à la main : les gars, écoutez moi-ça ! 
Je ne sais pas surfer mais je vois alors une étincelle s’allumer dans les yeux bleu délavé de groupies blondes qui pointent leur joli museau hors du minibus VW… allez, je vais chercher du bois flotté sur la plage, on allume un feu et on met le disque des Dedicated Nothing à fond !


Jérôme «Goofy » V.