jeudi 9 octobre 2014

Live report : Peter Hook and the Light, La Machine du Moulin Rouge, 7 octobre 2014


Cher Peter Hook,

Merci pour ce set énorme de 2 heures 45, composé de 3 parties. J’ai peut-être assisté à des centaines de concerts, les tiens sont de ceux pendant lesquels on se dit « j’y suis, c’est ça, c’est bien, c’est grand ». De plus, tu es un père parmi les plus cools du monde, avec ton fils qui joue avec toi et pratique la basse de cette façon unique que tu as créée. NB : Je joue aussi dans un groupe -du dimanche- avec mon fils aîné, et nous reprenons « She’s lost control », en pensant à toi, à Ian Curtis, à tout ce qui ne nous a pas tué et donc nous rend plus forts.  
A ce sujet, je sais, je sais, avec le reste de New Order tu es en froid…polaire. Vous êtes coupés en deux bandes ; chacune fait sa vie sur les routes et les 24 pistes. Toi tu chantes les classiques de Joy Divison avec force et puissance, et là tu déclines les 2 albums des années 85 et 86, façon « Masterclass » comme l’autre soir. Low Life, suivi de Brotherhood. Copieux. Complet. Royal.Un quasi marathon. Je t’ai vu un peu souffler à la fin, et Peter, moi aussi parfois je tire la langue tu sais. Tu as assuré et tes musiciens sont virtuoses. Le son New Order-isant était là, pêchu et électronique à souhait, avec ton énergie rock rugueuse en extra. Voici la setlist, il y manque ce « Love Will Tear Us Apart » que tu nous as fait en bonus ultime. J’en ai encore des frissons, et je suis sorti de la Machine dégoulinant de sueur, heureux et reconnaissant. Cher Peter, quand tu passeras l’an prochain à Paris, je serai là et je crois que tu le sais.
Je t’embrasse chaudement, car ça fait un paquet d’années que tu vis et résonnes dans ma chambre comme dans ma voiture.


Jérôme « true faith » V.





Cher Bernard Sumner,

Il faut que je te fasse un aveu. J’ai été voir ce vieux Hooky en concert trois fois de suite en trois ans. Je sais qu’entre vous c’est plutôt frigidaire que volcan, mais bon, nous les fans on vous aime tous anyway. Il chante le répertoire Joy Division avec émotion et ça se sent. 
En revanche, soyons franc : il manque ta voix froide et blanche pour les titres 100% New Order. Hooky, il est rock, il a des tripes, mais toi tu t’en tapes de tout ça, j’en suis persuadé.
J’ai toujours su que tu t’en foutais royalement : la cold wave c’est pas la samba, et voilà pourquoi on adore le réfrigéré, le surgelé et le glacial. Faut pas déconner : si on choisit l’option synthé-boîte à rythmes, paroles glauques, on ne se vautre pas dans les sentiments qui collent aux dents ! Les jupes à fleurs, à gauche en sortant, nous on est les pas marrants.
Par exemple quand tu chantes « how does it feel, to treat me like you do ? » dans Blue Monday, la réponse évidente est “mais rien du tout ma pauvre, si tu savais comme je m’en contrefous !”. Prends ça dans les gencives, ici c’est Manchester, on se les gèle et on n’a plus de boulot.
 Ou encore, dans Confusion, tu lui dis «you just can’t believe me when I show you what you mean to me », et c’est bien clair ! L’autre ne mean RIEN du tout, s’en rend compte et tombe de haut; pan dans ta tronche, love story nada, romantique à level de Mer Morte à marée basse. Si tu veux un dîner et des chandelles, file chez Spandau Ballet, moi je mets mon imper noir et je sors boire 17 ou 18 bières, on verra. Compris ?
Tout l’art de ta voix est précisément de ne pas trop révéler, d’être neutre et distanciée. Si tu es en rage, elle est rentrée, intérieure, malsaine et douloureuse. Dans Cold Wave, il y a un mot que vous ne comprenez pas ou on vous l’épèle ?
La différence entre un condamné à mort qui sourit légèrement à son bourreau et ceux qui se roulent par terre en hurlant, c’est là ta marque de fabrique et ton style, mon cher Bernard. De toute façon, à la fin on reçoit douze balles dans la peau, donc on est bien d’accord, autant rester digne.
J’espère que mon analyse te plaira et je t’embrasse timidement, juste du bout des lèvres, ça fait quand même un paquet d’années que tu refroidis ma chambre comme ma voiture.


Jérôme « low life » V.