samedi 6 décembre 2014

Tirade pour Antigone Project


Ô Passant qui déambule dans le soir, écoute-moi, je vais te parler de musique sombre comme un astre perdu mais qui pourra aussi éclairer ta route.
Ce ne sont pas quelques comptines légères émises par des courtisanes perverses et des bardes marchands dont tu pourras inspirer ton âme. Il te faut pencher ta tête vers un art plus accompli, plus abouti. Vois et crois moi.

Contemple alors cette Antigone, la fille d'Oedipe qui pleure près du corps de son frère Polynice mais ne détourne pas ton chemin !

Les sons que tu entends sont beaux, ainsi tissés par cette troupe qui répond au nom d'Antigone Project, en l'honneur de cette noble et belle femme, dont le courage sera bientôt légendaire.
Puisque nous sommes déjà quelques milliers d'années après la fin des âges analogiques, tu te doutes que ces troubadours sincères usent et abusent de ces machines à sons qui ravissent nos sens et c'est en cela qu'ils capturent des émotions humaines. Lux machinae disent-ils : des rayons aveuglants sortent par à-coups de leurs claviers bicolores et autres boîtes argentées ou noires comme le péché. Mais ils sont aussi prompts à en découdre, guitares en main, tels des glaives éventrant le silence pesant des espaces sidéraux.
De ces quatre coeurs généreux et battants sort un Infinite Pulse, qui dévale les pentes de l'Olympe et va se jeter dans l'Achéron.
Les Dieux cruels de la renommée souriront-ils alors ? Il est vrai qu'en ces temps cupides, leur attention est détournée par l'écran hypnotique des concours décérébrés et des bacchanales commerçantes. Mais nous sommes encore ici pour chanter leur louange !

Ecoute encore les fortes paroles en français de la complainte Egolist, noble et martiale.
Sous le soleil ou la pluie, Sun'n Rain, ils sont debout, volontaires pour combattre et dépecer la médiocrité ou sacrifier la facilité sur un autel vermillon, gorgé d'hémoglobine.

Toi qui croises leur sentier, arrête-toi, tends l'oreille à nouveau et apprécie ces sons clairs, ciselés, pertinents. Saisis-tu leur colère ?
Leurs maîtres anciens s'appelaient Depeche Mode, Front 242, Nine Inch Nails et la cohorte de ces courageux défricheurs de séquences polyphoniques et synchronisées sous le pâle soleil de Midi.

Ô passant solitaire, n'oublie pas Antigone Project, verse leur ton obole et jette des lauriers dans le feu qui s'allume, il brillera plus fort dans les ténèbres glacées.

Jérôme"cornélien" V.