jeudi 15 janvier 2015

La rétrospective à la bourre.



Chaque fois c'est la même chose, quand approchent Noël et la Saint-Sylvestre. Les magazines, les blogueurs, les webzines, tout le monde y va de sa petite rétrospective, de son propre coup d’œil dans le rétroviseur des 365 jours qui viennent de s'écouler. Tout y passe : les meilleurs films de l'année, les meilleurs disques, les plus belles gaffes des hommes politiques... et vous savez quoi ? J'aime bien cette mode ! Alors, je m'y mets à mon tour. D'aucuns argueront que je suis à la bourre, qu'on est déjà mi-janvier, mais tant pis. Préférons le recul et l'analyse à froid à la précipitation. Voici, donc, mon top 6 de la musique que j'aime qu'elle vient du blues pour l'an de grâce 2014 (Rest In Peace).


Le top du top !




Benighted – Carnivore Sublime


Parce que se faire défoncer la tête par du metal extrême n'a jamais été aussi fun. Les stéphanois proposent un album ultra-musclé, une boucherie ultra-défoulante de 38 minutes chrono, terriblement violente mais jamais stérile. Ça bastonne très sévèrement, avec ce grain de folie, cet esprit grindcore délectable, et toujours cette variété vocale qui place Benighted très au-dessus de la masse médiocre du brutal death.
Le coup de cœur de l'album : « Slaughter / Suicide » qui... porte très bien son nom.




Cloud Nothings – Here and Nowhere Else


J'étais pas conquis au début. Où étaient passées les pièces d'anthologie, pleines de furia et d'émotion, que l'on retrouvait sur Attack on Memory ? Et puis, j'ai vu le groupe en live. Une fois. Deux fois. Trois fois. J'ai réécouté l'album. Et il m'a fallu me rendre à l'évidence : la bande à Baldi a réussi son coup. Plus noisy et plus homogène que son prédécesseur mais toujours aussi concis, l'album dévoile ses perles au fil des écoutes :« Quieter Today » « No Thoughts », ou encore le pavé noisy « Pattern Walks », ont une force de frappe émotionnelle non négligeable.
Le coup de cœur de l'album : « I'm Not Part Of Me », conclusion idéale, tube poignant, et tuerie absolue en live.




Thurston Moore - The Best Day


La perf' de Monsieur Moore à Rock en Seine m'avait séduit autant qu'intrigué, et je me jurai d'écouter son album. Bien m'en prit. Le Sire nous offre un excellent album de rock, parcourus de longs morceaux, tour à tour furieux, hypnotiques ou mélancoliques. Et toujours enrobés dans ce son de guitare si caractéristique (Sonic Youth n'est jamais bien loin).
Le coup de cœur de l'album : dur de choisir entre les deux pavés qui ouvrent le disque. Allez, va pour « Forevermore », ou l'envoûtement fait rock.



Rancid – Honor Is All We Know


Un album dont j'ai découvert l'existence à peu près par hasard, sur Facebook (si, si). Et putain, quel pied ! Rancid signe un retour bête comme chou, con comme la lune, qui ne mange absolument pas de pain, mais qui aura de quoi régaler les fans. Des morceaux pêchus, une petite cuillère de ska, de l'énergie comme au premier jour, du tube et du plaisir. Assurément ma référence de « binge-listening » en cette fin d'année.
Le coup de cœur de l'album : la title track, héroïque et réjouissante.




Interpol – El Pintor


Fan transi des deux premiers albums d'Interpol, j'avais décidé d'en rester là car leurs disques récents n'avaient pas l'air franchement appréciés (l'éponyme en particulier). C'était avant la sortie d'El Pintor. Concis, précis et sexy, Interpol réaffirme son talent avec ce cru 2014. Des morceaux qui naviguent entre énergie fiévreuse (« All the Rage Back Home »), neurasthénie de bon aloi (« My Desire », « Twice As Hard ») ou les deux en même temps (« My Blue Supreme »). Des morceaux efficaces, un Paul Banks très en voix, c'est tout bon ! Le disque idéal à écouter en hiver, quand on a pas le moral, pour que... ça aille encore plus mal.
Le coup de cœur de l'album : « Everything Is Wrong », 3 minutes 34 d'émotion.




Primal Fear – Delivering the Black


Je sais plus trop pourquoi j'ai donné une chance à cet album. Primal Fear, aka « Repompons le Painkiller de Judas Priest depuis 20 ans », les tâcherons du heavy metal allemand par excellence... et pourtant. La bande à Scheepers peut se targuer d'avoir pondu un album très consistant, tranchant comme un scalpel, accrocheur comme pas deux (« King For a Day », « Alive & On Fire »), et mine de rien assez varié. Quelque part entre heavy de brutasse et speed mélo, Primal Fear a trouvé un bel équilibre et c'est ce qui pouvait leur arriver de mieux.
Le coup de cœur de l'album : « Alive & On Fire ». Le refrain va vous rester dans la tête. On parie ?





Les mentions « honorable »



Ils ne figurent pas dans mes favoris, mais voici encore une petite poignée d'albums qui a su trouver grâce à mes oreilles cette année.





Junius – Days of the Fallen Sun


J'aurais tout à fait pu mettre ce disque dans mon top, tant je l'ai apprécié. Mais étant donné son statut d'EP, je préfère l'intégrer ici. Junius est toujours aussi unique, entre post-rock, rock alternatif et... je sais pas trop, ce groupe est inclassable ! Mais ce qui fait la force de leur musique, c'est avant tout cet apparât mystique. Des morceaux baignés de lumière crue, aux allures de fin du monde, survolés du chant psalmodié de Dan Marsala. Un vrai petit bonheur de 25 minutes.
Le coup de cœur de l'album : « Forgiving the Cleansing Meteor ». Tout est à peu près dans le titre. Une météorite va annihiler l'humanité, mais pas grave, on lui pardonne. Vu la qualité du morceau, en même temps...




Mastodon – Once More 'Round the Sun


Première plongée dans l'univers Mastodon pour votre serviteur. Si je reconnais bien volontiers de très nombreuses qualités à l'album (virtuosité, technicité, originalité), je dois avouer que je me sens épuisé lorsque que j'arrive au bout de ses 54 minutes. Mais c'est un bel ouvrage de stoner metal tubesque, au son chaud et massif, qui m'a plus que donné envie de découvrir la discographie des américains.
Le coup de cœur de l'album : « Ember City », puissante et accrocheuse.




Evergrey – Hymns for the Broken


Je ne suis pas un immense fan des suédois, mais c'est vrai qu'ils ont assuré avec ce neuvième (déjà !) disque. De superbes mélodies de clavier, un beau bouquet de riffs toujours aussi tranchants, un duo final quasi-atmosphérique. Si l'album est un peu long, il a quand même plus de bons moments à offrir que de mauvais. Tableau d'honneur !
Le coup de cœur de l'album : pas très original, mais « The King of Errors », qui fait démarrer l'album de façon pétaradante.




The Gaslight Anthem – Get Hurt


Là encore, je n'attendais rien de cet album. Pochette banale, réception assez froide (note RYM très moyenne)... les indicateurs n'étaient pas au vert. Et pourtant. Brian Fallon et sa fine équipe ont sorti un album, certes peu surprenant, assez scolaire, mais tout de même rudement efficace. Le tour de main Gaslight est toujours là, avec ce rock qui tâche mêlé d'émotion Springsteenienne.

Le coup de cœur de l'album : pas évident de sélectionner un titre. Allez, choisissons une ballade à fleur de peau, « Break Your Heart »

Matthieu Vaillant