A la maison, j’ai un vieux PC portable Ordissimo, vous savez les ordinateurs
pour les « seniors » avec un menu unique, des pictogrammes gros comme
des oranges et un clavier simplifié. Je l’aime bien ce vieux PC, parce qu’il a
un écran large et qu’il me sert uniquement pour aller sur Internet… Quand il s’allume
un message s’affiche et me dit officiellement : « booting the kernel ». Là, on ne bouge pas. C’est un instant
solennel. Après, le logo Ordissimo apparaît et puis il y a onze petits cercles
alignés qui se remplissent un par un et encore après on peut surfer sur le Web
en cliquant sur le très large pictogramme qu’aucune personne de plus de 50 ans
ne saurait confondre avec un autre. Ça fait « pro », booting the kernel, c’est un peu
mystérieux, et cela veut dire « démarrer le noyau ». Le noyau de quoi ?
De la centrale nucléaire de Fessenheim ? Des atomes de silicium du
processeur ? Tant de questions sans réponses…
Bref, cela me rappelait aussi depuis quelques jours que je traînais pour
écrire une chronique sur l’album de Peter
Kernel intitulé « Thrill Addict ». Je lis à leur sujet : « Aris Bassetti (guitare, voix, graphic
designer), Barbara Lehnhoff (guitare-basse, voix, filmmaker) forment Peter
Kernel, un groupe art-punk d’origines suisse, italienne et canadienne ».
Hop la ! Tabernak ! Madonna !
Pas des gens du type banal.
J’ai écouté cet album au moins 4 fois, car il n’est pas d’un accès
immédiat, et souhaitais vous faire partager mon expérience musicale « arty ».
Booting my kernel. Déconcertante et polyphonique
voilà leur manière de composer des morceaux un peu noise, assez pop, typés post-rock
et pas violents, variés, chantés à une ou plusieurs voix (falsetto, enfant,
rêveuse, …). Un évident côté parfois dissonant (un poil Pixies sans l’acidité ?
un doigt B-52’s sans le côté sucré ?) donne du piment à ces
chansons-comptines, faites par des lutins mutins pour de sorcières tombées de leur balai un soir de grand vent. Foutraque et désordonné, leur album s’écoute avec
plaisir en fait, car il alterne le chaud et le froid, le grave et l’aigu, le
bon et le bien. Ces chansons sont bigrement difficiles à définir et classifier
mais sont attachantes. J’avoue que ce que je viens d’écrire n’est pas forcément
clair, mais je veux ici témoigner d’une agréable sensation auditive car leurs œuvres
semblent le fruit d’un travail poussé et cela se sent. Ils ont dans la tête des
choses qui tournent pas rond, des bidules et des obsessions : voilà qui
est diablement intéressant !
Bootez vous le
kernel, écoutez Thrill Addict !
Jérôme “I
kinda like it” V.
Ordissimo maximo ! |