‘Il y a une
domination de soi, à la fois délicate et noble, qui consiste à ne louer, en
admettant que l’on soit disposé à louer, à ne louer que quand on n’est pas d’accord. Dans le cas contraire on se louerait soi-même, ce qui est contraire
au bon goût.’
Nietzsche – Par delà
le bien et le mal, Chap IX (283)
Je vais donc me
montrer d’un mauvais goût tout à fait assumé, renoncer à toute velléité
d’atteindre la noblesse (et à l’emploi des mots de quatre syllabes par la même
occasion) car ce dont je vais vous parler, non seulement je le loue, mais j’y
adhère.
Lundi 9 février,
Manchester Phones4U Arena : 15 000 personnes pour Noel Gallagher et
ses High Flying Birds pour deux heures de concert assez étonnamment réussi.
Rendez-vous à 21h après une première partie mancunienne sympathique : the
Black Rivers.
La recette du
succès ? Jouer à domicile, ajouter un petit coup de Champagne Supernova
par ici et une apparition de Johnny Marr par là, le tout dans une salle
mythique où chorale et cuivres se relaient pour célébrer comme il se doit le
nouvel album fraîchement sorti. Que je n’avais pas écouté. Tout comme le
précédent d’ailleurs.
Retour en arrière…
En 2009, le groupe Oasis
se sépare juste avant un concert à Rock en Seine. Les deux frères semblent se
brouiller pour de bon et chacun part développer ses projets. Du côté de Liam,
cela donne le groupe Beady Eye qui dure jusqu’en 2014. Et pour le principal
compositeur d’Oasis, c’est un album solo-en-groupe (concept chic pour dire
qu’il ne sait pas trop ce qu’il fait) en 2011, suivi en 2015 de Chasing
Yesterday, qui se classe top 1 des charts UK en une semaine. Easy.
Ravie de ce que j’en
avais entendu en concert, j’ai jeté une oreille et un œil sur toutes ces
nouvelles compositions. Parce qu’en live, on peut facilement être emportés par
l’ambiance, sans que la musique y soit vraiment pour grand-chose.
Il en ressort que
Noel Gallagher est véritablement et définitivement un très ; très bon
compositeur en plus d’être une super grande gueule. Comme il se plait à le
clamer à tous les journalistes qu’il croise, depuis la fin d’Oasis, il est bien
plus libre de composer et de chanter ce qu’il lui plait. Et c’est plus que tant
mieux, parce que ça a –entre autres- donné une vidéo délirante : Ride
the Tiger.
Par délirant,
comprenez trois clips qui se suivent, pour une durée totale de précisément 19
minutes et 8 secondes. Passée la première partie un peu niaise avec un mariage
consacré par Noel, prêtre rock’n roll par excellence, sur la très belle If I
had a Gun, on entre dans une sorte d’Alice au Pays des Merveilles version
Far West vintage avec The Death of You and Me. Russel Brand apparaît en
maître du jeu diabolique et se lance dans un monologue fou qui s’achève sur AKA…
What a life !, l’une des meilleures chansons écrites par Noel, feat
Johnny Marr s’il vous plaît.
Surprenant, étrange,
plein d’un sens qui m’échappe complètement, ce micro film n’en demeure pas
moins une belle preuve que la créativité musicale a encore de beaux jours
devant elle. Et les High Flying Birds aussi.
En espérant,
maintenant, que mon mauvais goût me sera excusé par une belle découverte !
Et quant aux rumeurs
de reformation d’Oasis (été 2015 dirait-on, Glastonbury), par pitié :
non ! C’est tellement mieux comme ça…
Enjoy !
Juliette D.