Une après-midi printanière, près de la place Saint-André des
Arts, dans un pub irlandais, que Songazine a rencontré les Parlor Snakes.
Enfin, deux de ses membres, la chanteuse Eugénie Alquezar et le bassiste
Séverin Séverin. Dans une salle au sous-sol, autour d’une pinte de bière et
d’un coca, ils ont parlé de leur nouvel album, de l’enregistrement à New-York
et de rock’n’roll.
Dirt To Gold
Le dernier album Parlor
Snakes est tout droit sorti d’une aventure newyorkaise. Entre des concerts
de Django Django, Adam Green et de la reformation des The Zombies dans les
parcs de Big Apple, ils l’ont enregistré au Nyhead Studio à Lower East Side.
Ils ont été accompagnés lors de leurs sessions, de Matt Verta Ray, guitariste/producteur
du groupe Heavy Trash. Une journée
type que raconte la chanteuse : « On arrivait vers 9 heures, avec un énorme café de chez le Mexicain.
Matt lui était déjà présent depuis 5 heures du matin. Nous avions trouvé un
petit rythme. On faisait un morceau le matin à l’instru, puis l’après-midi, je
mettais ma voix sur le morceau. » Le groupe devait composer douze
titres en treize jours. Elle décrit l’aspect du studio : « Ce n’est pas ce qui t’imagine, à
l’américaine, hyper grand. C’était dans une cave qui prenait l’eau. T’arrive dans un petit couloir qui donne sur
une pièce minuscule. C’était juste une cuisine, une chiotte, une petite cabine
et des instruments partout. » L’enregistrement s’est fait dans une
ambiance qui n’avait rien à voir avec Paris. « C’était vraiment agréable de jouer dans de bonne conditions,
professionnelle, pas forcement d’horaire et avec de l’enthousiasme. Rien
n’avoir avec la France, » conclut-elle.
La tête pensante du groupe c’est Peter le guitariste. C’est
là que tout commence. Les autres membres
viennent se greffer autour de sa structure. Il existe une sorte de démocratie
dans le groupe, tout le monde peut y mettre sa patte : « C’est un échange entre nous quatre.
Les idées circulent entre nous, » explique la chanteuse, « C’est une sorte de sessions jam, »
rajoute Séverin. Les textes sont le plus souvent écrit par Eugénie ou parfois
de Peter, « au niveau de l’écriture,
c’est un entre nous deux, il valide le mien, je valide le sien, »
confie Eugénie.
La chanson The Ritual
a, à peu près, la même histoire que celle d’ (I Can’t Get No) Sastifaction des Stones. Elle est née, d’un riff à
l’improviste, venu de nulle part. « Un
jour, Peter nous a joué un petit riff, rapide et sec. On l’a trouvé génial. Il
sonnait funky. Je l’ai gardé et le lendemain on s’est plongé dessus. C’est venu
en un éclair. Après il y a eu quelques modifications dans l’échafaudage. C’est
vrai qu’au début, on ne pensait pas en faire une chanson. » Dirt To Gold est la favorite du
chroniqueur, le bassiste explique : « C’est un vieux morceau. On le jouait bien avant l’album. Il commence
tout bas et remonte assez haut. Je le trouve calme et à la fois puissant.
J’aime bien le jouer en concert, il prend tout de suite de l’ampleur, »
Eugénie rajoute, « c’est un
morceau assez blues et assez épeuré. Il possède une ambiance un peu vénéneuse,
malsaine. Il y a envie de liberté de tracer sa route. »
Jouer fort, mais bien !
Le rock de Parlor Snakes, est un mélange de garage-punk, de
rock au son fifties, sixties et seventies. « Nous
sommes un peu dans cette tradition du vieux rock’n’roll, même si on ne se
rattache pas dans ce genre. Nous ne sommes pas dans le rock actuel. Cependant,
il y a du son garage-rock dans ce qu’on fait. Les guitares sonnent fifties, et
les moments de claviers apportent un son eighties à certains moments, »
décrit Séverin. Un ancien membre de PJ Harvey leur a dit un jour à propos de
leur musique : « Comme si
Blondie avait rencontré The Gun Club. » Eugénie réagit : « Oui,
je me souviens très bien. C’était à Milan, pour notre première tournée en
Italie. C’était au bar d’un squat. C’était un mec avec qui on a eu de la
sympathie après le concert. C’est à ce moment là qu’il nous a dit cette
phrase, » elle poursuit, « C’était
par rapport au premier album. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans The Gun
Club. Il y en a un autre qui nous a raconté qu’on était du John Lee Hooker joué par les Stooges. C’était plus à propos
de nos concerts qu’au nouvel album mais j’aime cette idée. »
Lors de leurs concerts ils ont une devise : « Jouer fort, mais bien ! »,
Eugénie explique Parlor Snakes sur scène : « On est des déchainés. Je trouve
qu’il faut jouer fort. C’est frustrant de ne pas pouvoir le faire. Après si tu
le fais mais en jouant de la merde, hélas ça restera quand même de la merde ! »
Severin joue t-il de la basse aussi forte que Motorhead : « Moi je peux jouer plus fort que
Lemmy, il faut jouer plus fort que tout le monde. Le son est important. C’est physique, ça te prend aux tripes. Il faut
que ta scène vibre pour que tu sois dedans. » Cette manie de jouer
fort, ils la détiennent de Jim Jones Revue. Ils ont assurés les premières
parties du groupe en 2010. Eux aussi, ils jouent fort.
En parlant de concert, ils seront le 29 avril au Divan du
Monde, pour la soirée de lancement de leur nouvel album. L’avenir de Parlor
Snakes va se faire sur les routes, lors d’une longue tournée jusqu’à décembre,
comme le dirait Eugénie : « jusqu’à
que mort s’en suive. » Un troisième album serait possible et
l’enregistrement ne sera pas en France. « Je
trouve ça plus inspirant de jouer dans un pays étranger, pas forcement aux
Etats-Unis, par exemple le Danemark ou l’Allemagne» prévoit-elle.
Severin sur un ton satirique: « Je
voudrai bien enregistrer dans un pays étranger comme l’Auvergne. Je me vois
bien aller là-bas ou dans le Jura, » rit-il. Enfin, il vous laisse
méditer sur cette phrase de fin : « Moi,
je suis nulle part, mais je suis ailleurs ! »
Thomas Monot