Une
douce soirée de printemps… non loin de ce carrefour ferroviaire et humain
parisien… Chatelet-les-Halles. Résultante d’une prouesse architecturale
d’antan, l’église Saint-Eustache se dresse là, devant moi, majestueuse et
imposante sous l’ondée crépusculaire.
Un lieu saint, fort d’une belle richesse
patrimoniale et que je découvrais pour la première fois. C’est donc le cœur
ébloui par tant de beauté et de solennité que je déambulais le long de la nef. Vous
l’ignorez peut-être mais la paroisse accueille en son sein depuis quelques
années déjà, formations philarmoniques, chœurs et festivals prestigieux.
Mais
la programmation ne s’arrête pas là : Camille, Laurent Voulzy ou Patty
Smith y ont fait, par le passé, quelques vocalises.
Sans
oublier l’évènement consacré depuis sept années déjà et ce, à l’occasion de la
fête de la musique : les 36 heures
de Saint-Eustache ! 36 heures de musique ininterrompue mêlant chorale
d’enfants, orgue, rock, électro, jazz… L’église Saint-Eustache n’en était donc
pas à son premier concert. Pourtant le triptyque musical 100% féminin annoncé ce soir-là promettait une réelle surprise et la
certitude que seules les statues resteraient de marbre.
Devant
nous, une scène… un nombre incalculable de chaises et une foule qui afflue,
prenant place dans l’attente des premières notes. Vient l’heure des dernières
mises au point… Puis celui du silence… Sofia Bolt, artiste franco-américaine à
la musicalité électrostatique vient
de faire son entrée accompagnée de ses musiciens rencontrés au détour des Open Mic du Pop In dans le 11ème. Premiers accords… Une claque ! Un sourire
aux lèvres, je déguste alors ce cocktail explosif
régalant mes papilles auditives d’un son électrique oscillant entre tempérance voluptueuse et impétuosité démesurée.
Nous plongeant
dans les réminiscences d’un premier opus Honey
Monster Love à la controverse électronique, Sofia Bolt livre, à
l’occasion de la sortie de son nouvel EP Strange
Reactions, un petit bijou empreint d’une dynamique blues rock à l’émotion électrisante, symbolique d’un véritable coup
de foudre musical. Duel de guitares enflammées, batterie en furie, chœurs, flot
puissant… Le groupe nous offre un moment exaltant
dont la symbiose vocale et
instrumentale enivre une scène survoltée pour l’occasion.
Une
pause… de nouveaux instruments… Les prémices d’un nouvel univers. Cléa Vincent
à la candeur inavouée et fragile nous prend par la main tout en nous invitant à
la suivre dans une ronde incessante peuplée d’histoires issues, pour la
plupart, d’un EP décliné en diptyque Non
mais oui à l’assonance frenchpop et
rafraichissante. Les claviers à l’outrecuidance 80-90’s apporte ce regain de nostalgie
qui se prête à toute comptine ou récit accentué par un flot électronique.
Et
que dire de ces notes de percussions, de trompettes à la pulsation brésilienne, de ces chœurs masculins… qui instillent ce
petit grain de folie punchy intensifiant
des paroles à la portée émotionnelle touchante voire à l’humour fantaisiste.
Nouvel
intermède… un zeste de décor, une scénographie qui diffère. D’une noblesse
intergalactique, Malvina Meinier investit les lieux sous les grondements
impérieux et sombres d’un orchestre de cuivres. Nul bruit dans l’assistance.
Saint-Eustache et son irréprochable acoustique magnifie cette voix aérienne,
cette ligne mélodique à la mouvance bjorkienne et dont l’emprise sur le public reste certaine.
Son chant, bientôt rejoint par l’union vocale d’un chœur féminin, renforce une
dimension onirique, surréaliste latente. Home,
dernier opus de la jeune artiste à la silhouette évanescente argentée nous entraine dans les méandres
d’un voyage interstellaire à la découverte d’une constellation, d’un cosmos dont
l’appréhension reste encore à démontrer… Cuivres, orgues, chœur, tables de
mixage, synthé… Une subtile alliance entre classique
et électro.
Trois
concerts… trois univers qui diffèrent et séduisent.
La
soirée touche à sa fin et pourtant, un ultime présent nous est destiné. Sofia
Bolt, Cléa Vincent et Malvina Meinier unissent leurs voix pour un dernier et
magnifique chant a cappella : The Lamb du regretté compositeur
britannique, Sir John Kenneth Tavener,
création inspirée d’un poème de William Blake. Un hommage vibrant, empreint
d’un souffle de spiritualité. Le temps s’arrête… L’église vibre sous les
applaudissements… Une révérence parfaite.
Chantal
Goncalves
Set List de Sofia Bolt :
Wind
Andy
Animals
You’re Red
Orangina
Cry Baby
Digging
Stories
Roads
Fight me off
Honey MonsterLove
Set List de Cléa Vincent :
Ton voyage
est fini
Méchant loup
J'my
attendais pas
Amanda
Non mais oui
Achete le
moi
Retour de
l'homme
Retiens mon
désir
Après le
soleil
Château
perdu
Set List de Malvina
Meinier :
Here
Matter
Mother
Home
Continent
Valhalla
Covered in Silence
Present
Waverer
Constellation
Sound of Sun