Perpignan, son « centre du monde » (surnom de
Salvador Dali pour la gare SNCF), le Castillet et son soleil. Ceci est le côté
touristique de la ville, mais connaissez-vous sa scène garage rock ? Non, ce
n’est pas Cali, mais représenté par The Limiñanas. Songazine les a rencontrés.
Formé en 2009, par Lionel et
Marie Limiñana, Ils sortent cette année, en France, un double intégral intitulé
« Down Undergroud LP’S 2009/2014 » (Because Music) de leurs trois
albums : The Limiñanas, Crystal Anis
et Costa Blanca. Cette sortie est pour eux, une manière de revenir en
France et en Europe, car depuis le début de leur carrière, ils sont plus connus
outre-Atlantique. Cette notoriété américaine est née d’une page Myspace et d’un
mail venant de Chicago. Lionel tout de noir vêtu et avec sa longue barbe drue,
nous raconte cette histoire : «
A cette époque, on était une quinzaine de potes à jouer tous ensemble dans
chacun de nos groupes. Un moment, ils ont commencé à signer avec des labels. Puis
on s’est retrouvé juste tous les deux. Nous avons profité pour enregistrer une
démo de deux titres Migas 2000 et I’m Death, que nous avions mis sur le site. On
ne pensait vraiment pas que ça pouvait marcher ». Deux jours après la
publication, ils reçoivent un mail puis un autre dans la même semaine, « On était vraiment sur le cul. Hozac Records
et Trouble In Mind voulait qu’on sorte un single de nos deux titres »,
rajoute-t-il et se confesse, « Nous
leurs avons dits que nous avions réalisé plein de morceaux mais c’était faux.
Du coup, avec un Mac, un petit ampli à lampe et une carte son à deux cents
euros et notre salon en guise de studio, nous avons enregistré Je ne suis pas
très drogue. Une fois finis, on les envoyés aux Etats-Unis et ils ont proposé
de faire un album ». Cette façon d’enregistrer les albums, à la
« old school » n’a quasiment pas changé au fil de leurs créations.
Une fois le premier sortit, ils ont monté un groupe et commencé une tournée aux
Etats-Unis, durant 15 jours. De fil en aiguille, ils ont continué à enregistré
là-bas et ainsi connaitre un succès en Amérique.
Un après-midi à Nashville
De leur traversée, ils en gardent
de bons souvenirs : « Quand tu
joue aux States, la première fois, c’est impressionnant. Nous flippions pour notre
premier concert à Chicago. Je me souviens c’était à l’Empty Bottle. Mais
c’était génial et ça s’est super bien passé. L’autre bon souvenir était dans un
club à New York au Ketchup ». Autre bon moments ramené des USA, la
visite du studio Third Man Records à Nashville. Vous l’avez reconnu ?
C’est celui de Jack White. Contrairement à des idées reçus, ils ne l’ont jamais
rencontré : « C’est faux. Lors
de cette visite des lieux, il était absent. Après ça reste un endroit
hallucinant et très rock. Sur les murs, tu peux observer tout ce qu’il a fait.
T’ouvre une porte et tu te retrouve nez à nez avec des tonnes de disques.
Partout où tu passe, le regard s’affole sur tout ce qu’il possède, guitares,
photos d’actrices des années 20… Le gars est vraiment autonome, avec des studios
pour l’audio, la vidéo avec même une salle pour les live », se remémore-t-il
de cette après-midi.
La scène garage rock de
Perpignan, où le duo est né, est assez méconnue mis à part pour les puristes.
Un petit tour d’horizon s’impose, suivons le guide : « Hair And The Iotas, Crank, les Hand ce sont
des groupes qui viennent de chez nous. Ils tournent en Europe et font des
disques. Je pense qu’il y a encore une scène vivace de garage rock à Perpignan.
Dans les années 90, il existait vraiment une mouvance dans le garage, le punk
et le rock sixties/seventies. Même si c’est une petite ville, tu arrivais
toujours à te mettre au courant et à chopper des disques tels que les Cramps, MC5, Ramones, Stooges ou de groupes
psychédéliques américains, qui nous ont bercé dans notre musique», explique
Lionel. D’ailleurs déteste-t-il vraiment la période des yé-yé, comme sur le titre Votre
côté yé-yé m’emmerde : « Ce
n’est pas qu’on les déteste vraiment, c’est juste qu’on s’en fout. On préfère
dans la musique sixties française, les choses plus tordu comme Dutronc et les
Charlots pour les plus connus ». Au final, The Limiñanas est un groupe
qui nous serve un garage rock vintage et somptueux, teinté de noirceur et de
psyché. En attendant un prochain opus en 2016, révisez vos classiques avec cet
intégral de leurs aventures rock’n’rollesque.
Thomas Monot