jeudi 11 juin 2015

The Limiñanas : Une aventure américaine

Perpignan, son « centre du monde » (surnom de Salvador Dali pour la gare SNCF), le Castillet et son soleil. Ceci est le côté touristique de la ville, mais connaissez-vous sa scène garage rock ? Non, ce n’est pas Cali, mais représenté par The Limiñanas. Songazine les a rencontrés.
Formé en 2009, par Lionel et Marie Limiñana, Ils sortent cette année, en France, un double intégral intitulé « Down Undergroud LP’S 2009/2014 » (Because Music) de leurs trois albums : The Limiñanas, Crystal Anis et Costa Blanca. Cette sortie est pour eux, une manière de revenir en France et en Europe, car depuis le début de leur carrière, ils sont plus connus outre-Atlantique. Cette notoriété américaine est née d’une page Myspace et d’un mail venant de Chicago. Lionel tout de noir vêtu et avec sa longue barbe drue, nous raconte cette histoire : « A cette époque, on était une quinzaine de potes à jouer tous ensemble dans chacun de nos groupes. Un moment, ils ont commencé à signer avec des labels. Puis on s’est retrouvé juste tous les deux. Nous avons profité pour enregistrer une démo de deux titres Migas 2000 et I’m Death, que nous avions mis sur le site. On ne pensait vraiment pas que ça pouvait marcher ». Deux jours après la publication, ils reçoivent un mail puis un autre dans la même semaine, « On était vraiment sur le cul. Hozac Records et Trouble In Mind voulait qu’on sorte un single de nos deux titres », rajoute-t-il et se confesse, « Nous leurs avons dits que nous avions réalisé plein de morceaux mais c’était faux. Du coup, avec un Mac, un petit ampli à lampe et une carte son à deux cents euros et notre salon en guise de studio, nous avons enregistré Je ne suis pas très drogue. Une fois finis, on les envoyés aux Etats-Unis et ils ont proposé de faire un album ». Cette façon d’enregistrer les albums, à la « old school » n’a quasiment pas changé au fil de leurs créations. Une fois le premier sortit, ils ont monté un groupe et commencé une tournée aux Etats-Unis, durant 15 jours. De fil en aiguille, ils ont continué à enregistré là-bas et ainsi connaitre un succès en Amérique.
Un après-midi à Nashville
De leur traversée, ils en gardent de bons souvenirs : «  Quand tu joue aux States, la première fois, c’est impressionnant. Nous flippions pour notre premier concert à Chicago. Je me souviens c’était à l’Empty Bottle. Mais c’était génial et ça s’est super bien passé. L’autre bon souvenir était dans un club à New York au Ketchup ». Autre bon moments ramené des USA, la visite du studio Third Man Records à Nashville. Vous l’avez reconnu ? C’est celui de Jack White. Contrairement à des idées reçus, ils ne l’ont jamais rencontré : « C’est faux. Lors de cette visite des lieux, il était absent. Après ça reste un endroit hallucinant et très rock. Sur les murs, tu peux observer tout ce qu’il a fait. T’ouvre une porte et tu te retrouve nez à nez avec des tonnes de disques. Partout où tu passe, le regard s’affole sur tout ce qu’il possède, guitares, photos d’actrices des années 20… Le gars est vraiment autonome, avec des studios pour l’audio, la vidéo avec même une salle pour les live », se remémore-t-il de cette après-midi.
La scène garage rock de Perpignan, où le duo est né, est assez méconnue mis à part pour les puristes. Un petit tour d’horizon s’impose, suivons le guide : « Hair And The Iotas, Crank, les Hand ce sont des groupes qui viennent de chez nous. Ils tournent en Europe et font des disques. Je pense qu’il y a encore une scène vivace de garage rock à Perpignan. Dans les années 90, il existait vraiment une mouvance dans le garage, le punk et le rock sixties/seventies. Même si c’est une petite ville, tu arrivais toujours à te mettre au courant et à chopper des disques tels que les  Cramps, MC5, Ramones, Stooges ou de groupes psychédéliques américains, qui nous ont bercé dans notre musique», explique Lionel. D’ailleurs déteste-t-il vraiment la période des yé-yé, comme sur  le titre Votre côté yé-yé m’emmerde : «  Ce n’est pas qu’on les déteste vraiment, c’est juste qu’on s’en fout. On préfère dans la musique sixties française, les choses plus tordu comme Dutronc et les Charlots pour les plus connus ». Au final, The Limiñanas est un groupe qui nous serve un garage rock vintage et somptueux, teinté de noirceur et de psyché. En attendant un prochain opus en 2016, révisez vos classiques avec cet intégral de leurs aventures rock’n’rollesque.


Thomas Monot