mercredi 1 juillet 2015

Public Service Broadcasting : Retour vers le futur

Un mercredi après-midi ensoleillé, sur le quai en dessous de la Bibliothèque François Mitterrand (BNF), Songazine a rencontré Public Service Broadcasting (PSB) ou plutôt la moitié du duo : J.Willgoose Esq., au Petit Bain. The Race For Space est leur dernier bijou d’électronique mélangeant des sons du passé avec ceux du présent.
BIP…BIP…BIP… Avez-vous reconnu ce signal ?
C’est celui de Spoutnik le fameux satellite soviétique envoyé dans l’espace en 1957. Les PSB l’ont repris pour leur chanson éponyme.
Celles-ci font référence à la Course à l’espace. Jill nous raconte le choix de cette thématique : « C’était une nouvelle étape logique de notre développement. Dans le premier EP The War Room notre thème était la Seconde Guerre Mondiale, c’était très profond et très intense. Nous étions vraiment concentrés sur ce sujet.  Dans l’album Inform-Educate-Entertain, nous avions cherché, en incluant le premier, un autre thème : les avancées technologiques et humaines du XXème siècle. Ça nous a plu. Nous avons voulu continuer dans cette même optique pour ce nouvel album  en nous concentrant sur l’espace. Nous étions pragmatique sur comment traité le thème ? Qu’est ce qu’on allait prendre comme son ? Comment l’utiliser ? C’était vraiment un défi pour nous ». Cependant, ils n’ont pas encore réfléchi pour une nouvelle époque : « Nous irons de l’avant. Nous verrons.  Il  sera très intéressant de rechercher encore de nouvelles archives mais plus récentes. L’album ne sera pas fini cette année, probablement », prévoit-il.
Cette idée de génie, de mélanger des sons du passé avec de la musique d’aujourd’hui, vient de l’initiative imaginée par Jill en 2009 : « Je pense que ça vient de moi, car je trouve cette idée drôle et originale. Quand je créais ma musique chez moi, je voulais que ça se rapproche avec les groupes que j’écoutais, mais avec un son qui sort des sentiers battus. Beaucoup de nos chansons viennent de concepts qui ont grandi très naturellement au fil des années. Nous ne voulons pas êtres des artistes au sens pop, en plaisant à tout le monde ». La recherche d’archives auditives est un jeu d’enfant et… de fouilles numériques. Voici la procédure : « Les sons viennent surtout d’Internet. J’ai de bonnes relations avec le British Cinema Institut, car avant je travaillais (producteur) pour la BBC. Du coup quand je leur demande : « Est-ce que je peux utiliser votre matériels ? » Ils me disent tout simplement « oui » sans problème. Pour ce qui est du nouvel album, j’ai utilisé les collections en ligne de la NASA et différentes sources. Pour le premier album j’avais utilisé des archives publiques américaines et anglaises ».
Quant est-il du style de PSB, notre multi-instrumentaliste nous énumère ces inspirations : « Je dirais tout ce que j’écoute à la radio, ou que j’ai vu plus jeune dans d’importants festivals, comme DJ Shadow, Massive Attack ou d’autres groupes dans cette même veine qui se produisent en Grande-Bretagne.  C’est difficile de se décrire en général, mais c’est une sorte de mélange de différents genres musicaux d’influences électronique, mais aussi de rock, de funk, où tout ce qui peut faire danser, avec des archives audio, provenant d’échantillons de films, de propagandes ou d’autres supports. »
Deux morceaux choisis nous dépeignent la stratosphère de l’album. Sputnik et Gagarin. Pour le premier : «Nous avions cherché  le moyen de matérialisé le signal du satellite que t’entends dans la chansonNous avions différentes idées avant de trouver de nombreuses séquences. Nous voulions une introduction spatiale comme tew…tew…tew… Nous avons fait des improvisations et des arrangements à la guitare, pour arriver à ce résultat. Le morceau est très électronique, spatial et  calme. » Le deuxième : « Le morceau ressemble à du space-funk ou du George Clinton avec les Funkadelic. Nous avons pris notre inspiration lors du visionnage de la vidéo de cet homme se calfeutrant dans cette minuscule capsule spatiale. Le morceau est très amusant. Il a été difficile à écrire, nous avons mis plus de trois semaines, contrairement à Go ! Celui-ci a été réalisé en seulement deux jours. Ça été très vite ».
Pour beaucoup de groupes de musique d’aujourd’hui c’est le Do It Yourself, « tout se fait dans notre propre chambre ». Ils sont souvent qualifiés de Bedroom Band. Leurs homologues anglais, Django Django, ou Tropics, le sont. Est-ce que PSB échappe à la règle ?
« Je l’étais avant. Il y avait juste mon matériel et moi dans ma chambre. Maintenant, je travaille plus dans mon garage. Il y a plus d’espace et je suis entouré de personnes. On peut se considérer comme un groupe garage électronique. J’ai arrêté d’être tout seul, isolé, car c’est moins réjouissant ». Pour finir, nos deux astronautes ont sortie un nouvel EP de trois remix de Go ! Dont celui de Louis La Roche qui vous amènera… : « dans la série de Miami Vice. Il y a un son très eighties, je l’adore », commente-il. Pendant ce temps-là, le chroniqueur s’en va vers l’infini et l’au-delà en écoutant un Space Oddity de Davie Bowie…


Thomas Monot