Un mercredi après-midi ensoleillé, sur le quai en dessous de
la Bibliothèque François Mitterrand (BNF), Songazine a rencontré Public
Service Broadcasting (PSB) ou plutôt la moitié du duo : J.Willgoose Esq., au Petit Bain. The Race For Space est leur dernier
bijou d’électronique mélangeant des sons du passé avec ceux du présent.
BIP…BIP…BIP… Avez-vous reconnu ce signal ?
C’est celui de Spoutnik le fameux satellite soviétique envoyé
dans l’espace en 1957. Les PSB l’ont repris pour leur chanson éponyme.
Celles-ci font référence à la Course à l’espace. Jill nous
raconte le choix de cette thématique : « C’était une nouvelle étape logique de notre développement. Dans le
premier EP The War Room notre thème
était la Seconde Guerre Mondiale, c’était très profond et très intense. Nous
étions vraiment concentrés sur ce sujet. Dans l’album Inform-Educate-Entertain, nous avions cherché, en incluant le
premier, un autre thème : les avancées technologiques et humaines du XXème
siècle. Ça nous a plu. Nous avons voulu continuer dans cette même optique pour
ce nouvel album en nous concentrant sur
l’espace. Nous étions pragmatique sur comment traité le thème ? Qu’est ce
qu’on allait prendre comme son ? Comment l’utiliser ? C’était
vraiment un défi pour nous ». Cependant, ils n’ont pas encore
réfléchi pour une nouvelle époque : « Nous
irons de l’avant. Nous verrons. Il sera très intéressant de rechercher encore de
nouvelles archives mais plus récentes. L’album ne sera pas fini cette année,
probablement », prévoit-il.
Cette idée de génie, de mélanger des sons du passé avec de la
musique d’aujourd’hui, vient de l’initiative imaginée par Jill en 2009 : « Je pense que ça vient de moi, car je trouve
cette idée drôle et originale. Quand je créais ma musique chez moi, je voulais
que ça se rapproche avec les groupes que j’écoutais, mais avec un son qui sort
des sentiers battus. Beaucoup de nos chansons viennent de concepts qui ont
grandi très naturellement au fil des années. Nous ne voulons pas êtres des
artistes au sens pop, en plaisant à tout le monde ». La recherche
d’archives auditives est un jeu d’enfant et… de fouilles numériques. Voici la
procédure : « Les sons viennent
surtout d’Internet. J’ai de bonnes relations avec le British Cinema Institut,
car avant je travaillais (producteur)
pour la BBC. Du coup quand je leur demande : « Est-ce que je peux
utiliser votre matériels ? »
Ils me disent tout simplement « oui » sans problème. Pour ce qui est du nouvel album, j’ai utilisé les
collections en ligne de la NASA et différentes sources. Pour le premier album j’avais
utilisé des archives publiques américaines et anglaises ».
Quant est-il du style de PSB, notre multi-instrumentaliste
nous énumère ces inspirations : « Je
dirais tout ce que j’écoute à la radio, ou que j’ai vu plus jeune dans
d’importants festivals, comme DJ Shadow, Massive Attack ou d’autres groupes
dans cette même veine qui se produisent en Grande-Bretagne. C’est
difficile de se décrire en général, mais c’est une sorte de mélange de
différents genres musicaux d’influences électronique, mais aussi de rock, de
funk, où tout ce qui peut faire danser, avec des archives audio, provenant
d’échantillons de films, de propagandes ou d’autres supports. »
Deux morceaux choisis nous dépeignent la stratosphère de
l’album. Sputnik et Gagarin. Pour le premier : «Nous avions cherché le moyen de matérialisé le signal du
satellite que t’entends dans la chanson. Nous avions différentes idées avant de trouver de nombreuses séquences.
Nous voulions une introduction spatiale comme tew…tew…tew… Nous avons fait des
improvisations et des arrangements à la guitare, pour arriver à ce résultat. Le
morceau est très électronique, spatial et calme. » Le deuxième : « Le morceau ressemble à du space-funk
ou du George Clinton avec les Funkadelic. Nous avons pris notre inspiration
lors du visionnage de la vidéo de cet homme se calfeutrant dans cette minuscule
capsule spatiale. Le morceau est très amusant. Il a été difficile à écrire,
nous avons mis plus de trois semaines, contrairement à Go ! Celui-ci a été réalisé
en seulement deux jours. Ça été très vite ».
Pour beaucoup de groupes de musique d’aujourd’hui c’est le Do It Yourself, « tout se fait dans notre propre chambre ».
Ils sont souvent qualifiés de Bedroom
Band. Leurs homologues anglais, Django
Django, ou Tropics,
le sont. Est-ce que PSB échappe à la règle ?
« Je l’étais
avant. Il y avait juste mon matériel et moi dans ma chambre. Maintenant, je travaille
plus dans mon garage. Il y a plus d’espace et je suis entouré de personnes. On
peut se considérer comme un groupe garage électronique. J’ai arrêté d’être tout
seul, isolé, car c’est moins réjouissant ». Pour finir, nos deux astronautes
ont sortie un nouvel EP de trois remix de Go ! Dont celui de Louis La
Roche qui vous amènera… : « dans
la série de Miami Vice. Il y a un son très eighties, je l’adore »,
commente-il. Pendant ce temps-là, le chroniqueur s’en va vers l’infini et
l’au-delà en écoutant un Space Oddity de Davie Bowie…
Thomas Monot