Les Beatles « remasterisés »
Difficile d’échapper à la vague de comm’ qui nous enjoint
suavement d’acquérir ou de réacquérir les CD du groupe plus célèbre que
Jésus-Christ en son temps. De tous les côtés, cela fuse et diffuse. On remet en
ondes et on t’en remet en sonde.
Abbey Road à droite, les tubes à gauche et Yoko Ono, la
veuve noire inoxydée par les rides, au milieu. Plan média, plan médius, plan
maximum.
En plus, tout est digitalisé, ce serait mieux, tu comprends.
Genre, sous-entendu, à l’époque, les pauvres technos du son, ils n’avaient que
des petits bits, des octets ridicules et même que désormais, cela va être plus …mieux.
Et moi je vous dis que je n’aime pas les Beatles.
Non, c’est vrai, je le dis et le re dis. Je n’aime pas.
Aucun titre sur mon I Pod.
A l’arrach’ un CD genre « best of » dans mon
armoire, mais couvert de poussière et le « double bleu » plus le
« double rouge » en vynil dans ma cave. C’était un cadeau, mais de
qui, euh, j’ai oublié (faut pas vexer et on était jeunes).
Oui, donc, je n’aime pas.
Alors là, concert de reproches, harmonie d’avanies,
avalanche de procès d’intentions.
Laissez-moi m’exprimer, que diable.
Donc, je n’aime le côté sirop du début, les gentilles
harmonies a go go, le look au début, le look au milieu et non plus à la fin et
(nous y voilà !) le consensus mou généralisé qui accompagne toute
évocation des Scarabées. C’est épidermique. Je zappe à la radio, j’ai des
frissons mais pas cool quand je vois une reprise en concert. Non, je dois le
dire, l’œuvre ne me séduit guère (voyez comme je suis courtois). Et ceux qui me
connaissent savent que mes oreilles ont filtré plus d’un disque et ce, à volume
maximum !
Pour ma pomme, les chansons sont aimées en fonction de leurs
qualités intrinsèques (un train sec ? un train de retard ?), mais
aussi et surtout en fonction du contexte, des souvenirs, des amis, de l’époque
d’écoute, du moment lié à l’audition, la captation, l’impression, la baffe dans
la tronche ou du trajet sur l’autoroute. Il y a aussi mon empathie avec ceux
qui ont pour un groupe et les chansons de la sympathie.
Mais de sympathie, c’est juste celle « for the
devil » et vous voyez à qui je pense, à qui j’en porte bien davantage. Ils
sont tout autant re masterisés et remis en tête de gondole, là n’est pas la
question.
Jumping Jack
flash: 5- Let it be: 0. Désolé, c’est le score pour moi ET je suis à la
fois l’arbitre et le spectateur.
Si j’ose exprimer ce point de vue non consensuel et tiède
sur nos charmants Beatles à nouveau en promotion, on me crie aux oreilles, on
me renifle de travers, on me met au ban du bon goût.
Des génies, des intouchables, comment peux-tu ? Comment ?
Ah, tu pues ? Comment taire ce commentaire ?
Pas de graffiti sur le grand monument ? Jamais ?
Mince alors.
OK, je ne jette pas tout le bébé et toute l’eau du bain,
mais je revendique le droit d’éviter d’être remasterisé moi itou.