La main de la Fatma et le Nazar Boncuk
nous portent chance, car la Poste nous livre le tout nouvel album de l’orchestre
National de Barbès : Dame de Cœur.
Ouvrons vite et chronique express. Fissa !
Après avoir vu défiler dans les
rues grises de Paname des ligues et légions blêmes de tristes sires anti-gays,
anti-femmes anti-étrangers et surtout très … antiquités, il est bon d’écouter
ce disque à plein volume. Le nom de ce
groupe, foutoir et joyeux, doit coller aux rigides coincés et tout bleu marine un
remugle supplémentaire d’aigreurs protectionnistes. Pensez, messires, Orchestre
National de Barbès. Un oxymore à vos
oreilles bouchées ?
Hé oui, la France 2014 c’est ça : un fameux cocktail
pimenté, où le tajine parfumé et l’andouille de Guéméné frétillent ensemble, où
la bière Fischer se boit avec du poulet Yassa et le thé à la menthe fait passer
le bon cassoulet. L’accordéon en solo c’est fini et désormais côté musique :
le rock aime se faire titiller par un oud, les rythmes gnaoua acceptent la Stratocaster
qui pique et le raï peut dérailler en devenant reggae.
L’ONB mélange tout cela,
remue, agite, avec joie et bonne humeur. Cette belle troupe musicale
cosmopolite entraîne les hanches roses et les tignasses noires, les bobos et
les mamas tapent dans leurs mains, les kids et les papys s’agitent ensemble en
une joyeuse ronde.
Voici 14 morceaux nouveaux où ils ont invité des copains
virtuoses et quelques jolies dames qui se prénomment Samira, Tanya, Samia,
Emilie, Malouma et Lolita. Mais, Anne-Charlotte et Béatrice, on vous aime aussi :
enlevez ce serre-tête en velours et venez danser avec nous ! Ce nouvel
album est riche et varié, c’est l’option couscous… royal. Rock, chaabi, reggae,
chanson sautillante, duos plus romantiques et sucrés, nous avons l’assortiment
complet des bonnes choses.
Un coup de cœur pour la chanson Gamra, bien dans l’esprit ONB, que l’on peut imaginer les yeux fermés
jouée en concert, mettant en transe et en sueur un public conquis, cosmopolite
et joyeux. Méditerranée est un beau
texte poétique qui vous donne envie d’être en juin quelque part entre Rabat et
les calanques de Cassis. Tout n’est pas parfait dans ce disque, mais on l’écoute,
on le réécoute et il fait du bien.
Alors, choukran
ONB !
Jérôme V.
