Il y
a des artistes dont la découverte vous bouscule, Fauve ≠ en fait partie.
On aime ou on n’aime pas, une chose est certaine, on ne peut pas y être
indifférent.
Au
hasard d’un mail, je poussai la porte et pénétrai dans leur univers avec Blizzard, la
version longue (dont le clip relève du court-métrage), et qui est aussi le nom
de leur premier EP.
Le
morceau commence avec une voix, qui interpelle, qui s’adresse à nous,
directement. « Tu l’entends ? Bien sûr que tu
l’entends » Immédiatement, elle capte notre attention, elle
nous installe doucement. La musique fait son entrée, des riffs de guitare pop
qui nous accroche dès les premières secondes. Puis une voix, une autre, qui
déboule presque en criant, et sur le coup, on ne sait pas à quoi s’attendre, on
est déstabilisé. Les mots nous percutent avec une telle force qu’elle nous cloue
sur place. Les paroles sont des phrases, qui pourraient être des mots à toi, à
moi, à lui, là-bas.
Blizzard
est à la fois terrible et magnifique. Elle te plonge dans tes démons,
et te donne cette rage de les envoyer ronger ailleurs. Blizzard c’est
l’obscurité, puis la lumière. L’espoir et les autres, comme escalier pour tout
surmonter. Blizzard te donne une tape sur l’épaule et elle te dit « T’es
pas tout seul, jamais ».
Je
parle d’un morceau, mais il est pour moi représentatif de ce que produit
l’écoute de leur musique.
Il y
a cette proximité dans leur façon de s’exprimer qui nous atteint directement et
qui se retrouve dans tous leurs titres. Fauve ≠ se livre, se raconte, avec
force et simplicité. Ca respire l’urgence, la rage, l’espoir. Fauve ≠
c’est l’émotion à l’état brut, ce sont des cris. Les leurs, les nôtres aussi.
Et c’est ce qui donne à leur musique, une dimension quasiment thérapeutique. On
a l’impression que leurs textes sont écrits à l’arrache dans un métro ou sur un
banc, comme on viderait son sac avec un pote. Et pourtant quand on s’y penche,
il y a un vrai travail d’orfèvre sur le choix des mots.
Dans
ce premier EP, Fauve ≠ fait exploser les parts d’ombre, on ressent la vie qui
crépite à l’intérieur. On en ressort regonflé à bloc, on a envie d’aimer plus
fort, de vivre plus fort, et de le crier.
« Haut
les cœurs ! Haut les cœurs ! Il faut se dire des belles choses qu’on
gardera pour plus tard ! »
Fauve
≠ est un collectif à géométrie imprécise, des personnes réunies sur un projet
commun dont le but premier était avant tout de se faire du bien. On ne sait
d’eux que l’essentiel, ce qu’ils ont à dire. Ils défendent leur projet, et le
protègent au maximum des médias, sans pour autant cultiver un mystère. Vous ne
retrouverez pas Fauve ≠ dans les photos des magazines ou bien dans des
reportages ou autres.
Fauve
≠ a tous les âges, toutes les voix. Tous différents au service d’un projet
unique. Ce dont le signe qui succède leur nom fait écho. Etre différents, à
plusieurs.
Leur
musique est un patchwork d’influences diverses qui ont été métamorphosées en un
genre unique. Impossible de leur coller une étiquette, et de toute façon, on en
a pas envie !
Fauve
≠ connaît aujourd’hui un succès fulgurant qui est le résultat heureux d’un
incroyable bouche à oreilles. Ils n’avaient pas sorti leur premier album qu’ils
remplissaient déjà les salles de concert.
Vieux
Frères (partie 1) ne déroge pas à l’empreinte « Fauve ».
Un premier album qui rugis, qui murmure aussi. Qui bouleverse, avec la même
fraîcheur, celle du vrai, sans artifice et qui allume pourtant un feu, un truc
grand.
Des
textes, mordants, percutants, un flot de mots toujours aussi impressionnant. Il
y a des titres coups de poings, comme Voyous. Des titres fédérateurs tels que De
Ceux ou Loterie. Il y a de la douceur aussi avec Lettre
à Zoé et Vieux Frères.
Cet
album témoigne d’une furie de vivre, de sortir du tunnel. Une revanche sur le
blizzard, et comme un peu de sérénité retrouvée. Il y a du beau, du soleil qui
se déplie subtilement par petites touches. Un concentré intense de vie(s).
Fauve
≠ est un trampoline pour Fauve ≠. Et nous, quand on les écoute, on rebondit
aussi.
C’est
simple, comme une évidence. Tellement juste, tellement vrai que ça en devient
magique.
Mystique,
ouais.
Et regardez leurs clips, magnifiques...
Amandine Bazin