Il est des chansons qui vous marquent et des groupes qu’on ne pourra jamais
oublier. Dans mon cœur de rocker 4ever, tatoué keupon sur l’aorte et cautérisé à
la new wave sur les ventricules, se trouve une arythmie pour toujours affolée,
un saut dans les diagrammes qu’on ne peut maîtriser. Je veux vous parler… non
pas de l ‘arme de demain, hey !
mais bel et bien des disparus du cultissime combo BASEMENT 5.
Un seul album, une carrière de météorites incandescentes qui laissèrent
dans leur pas bondissants de grosses marques bien grasses, un mélange d’empreintes
de tigres et de traces de géants bizarres. Pour commencer, ce look impossible
et inoubliable griffant la pochette d’un
disque atypique- quand une pochette de 33 tours vous tenait encore dans deux
mains pour mieux en tomber parfois ! - : des blacks patibulaires,
punks habillés de blanc et portant des lunettes de ski ? Grandiose !
Et cette musique ! Un vacarme de forcenés, un cocktail fort piquant de
punk, avec du reggae fracassé et de grincements noyés dans la réverbération où
surnagent des larsens et des riffs aigus. Une claque, assénée avec un gant d’acier
rouillé. Kingston, bourrée sans doute, s’invite dans les émeutes de Londres,
car le chaos c’est maintenant. L’introduction de « Last White Christmas » est un monument de la musique amplifiée
qui devrait à lui seul figurer dans le Guinness Book à la rubrique : « potentiel
électrique pour fait bondir et pogoter même en chaise roulante ». Sans
compter ces paroles acides, graves, démesurées ou prophétiques, lâchées par une
voix trempée dans l’acide sulfurique ou le fond d’une cuve de bière brune. « Immigration » est l’un des
meilleurs reggae de tous les temps, dans la catégorie « réalisme cru de la
vraie vie qui se consume par les deux bouts ». Point d’honneur : c’est
le grand Martin Hannett qui a produit ce disque…dur. Vous savez, celui qui a
travaillé avec Joy Division, donc respect marmoréen et courbette de vénération.
Le plus fou est que leur unique album fut sorti en deux versions, dont une « in
dub » déjantée et apocalyptique. Introuvable en vinyle, bien rare en CD et
pas encore ni réédité à ce jour, ce qui me semble constituer une atteinte
élémentaire aux droits de l’Homme, chapitre culture pour tous. Si vous lisez
cette chronique, je vous demande d’écouter toutes affaires cessantes Basement 5
sur Youtube, voire de kidnapper un bébé golden retriever et de menacer de le
découper lentement à la scie à métaux rouillée et mal aiguisée si quelqu’un s’opposait
à votre bonheur musical à venir. Sauvage, débridé, fatigant et jouissif ;
bref du Basement 5 !!