lundi 12 mai 2014

And We Shelter - Nineteen Ends


And We Shelter, groupe messin formé en 2013, où l’on découvre un alliage attractif de deux voix : celles de Sébastien Boess et Magali Dhyvert, accompagnés sur scène du violoncelliste Hervé Mehl et du guitariste Romain Laurent. C’est une rencontre de la pop new-wave et du rock alternatif.
Nineteen Ends, leur premier album, est sorti en avril dernier sur leur propre label Tryptik Sound.
Claudia Volta est une entrée en matière enchanteresse pour cet opus. Elle se dévoile comme un secret murmuré à l’oreille. La voix de Sébastien, pleine de chaleur ouvre le morceau, suivi par celle de Magali, aérienne. Un piano allié à un bouzouki, qui font monter l’émotion crescendo. Ça vous happe si bien qu’on a du mal en ressortir.
La douce frénésie de The Last Race est quasi hypnotique. Le contraste et la sensualité de leurs voix superposées vous prennent par la main pour une échappée en clair-obscur. Un morceau très efficace qui vous agrippe et qui ne quittera plus vos écouteurs.
Les rythmes plus marqués apportent une atmosphère plus obscure à Lucidy. Au début. On a l’impression d’une marche un peu solennelle, mais qui poursuit son ascension, toujours plus haut. La fin est lumineuse, comme une sortie de tunnel. Leurs textes, il faut en parler, sont d’une poésie très imagée, et portent leur musique autant qu’elle les portent. C’est une adéquation parfaite.
Cross Roads débute par une introduction ou les guitares sont très présentes. Les couplets sont comme des portes closes que les refrains entrouvrent. Toujours cette même dualité entre ombre et lumière, comme une course à reculons vers les souvenirs coincés et le présent asphyxiant.  C’est le premier titre où l’on entend des paroles françaises. Deux phrases dont l’impact retentit en filigrane pendant tout le morceau.
La voix de Magali, prédominante sur Special Invader, installe une intimité nouvelle. Une peinture plutôt très juste d’une dépendance très contemporaine. And We Shelter vise juste, encore une fois, et nous offre un refrain entêtant.
Falling Down The Half Light est la piste la plus courte de l’album mais sans doute la plus intrigante. S’il n’y avait pas ces paroles au début, je pourrais me croire un matin à l’aube, au Japon. J’ignore si c’était le but recherché, mais on a l’impression que les mots prennent le contrepied de la musique.
Le violoncelle très présent sur Roller Coaster instille une mélancolie qui se dissout peu à peu, jusqu’au terme du morceau. L’intonation des voix qui change, des paroles qui résonnent comme un appel entendu, et d’un coup, les cordes vibrent un envol.
L’imaginaire fertile du groupe nous amène dans des contrées nouvelles avec Darkest Queen où les rythmes décadents vous électrisent alors que le piano vous fait flotter. Pas d’électrocution, juste un autre voyage dont ils ont le secret !
Le diptyque rêve/cauchemar est une récurrence dans leur univers, et que l’on retrouve sous une forme plus tourmentée dans Out Of Control. Une vraie conversation de voix qui se répondent, comme des pulsions qui se confondent.
Nineteen Ends, titre éponyme de l’album, est simplement bouleversant, de par leurs voix entrelacées, de par cette mélodie addictive. A la fois doucement dévastateur, à la fois un placebo. La magie opère.  
Blind Alley, qui déroule la voix de Cécile Nanty sur une machine à écrire très bien accompagnée. Et les mots s’échappent comme des volutes.

L’album se clôture avec Asleep dont la fin vertigineuse est à couper souffle.

Nineteen Ends ne s’écoute pas entre deux bières, c’est un disque pour lequel on a envie de prendre son temps, déballer doucement chaque morceau pour faire durer le plaisir.

Et recommencer.

Amandine B.