mardi 27 mai 2014

Slash, par Slash, ou Les Mémoires d’Outre Tombe version égérie du hard rock des années 90.

« It seems excessive, but that doesn’t mean it didn’t happen », prévient tout de suite la couverture.
Et elle fait bien de nous prévenir en effet, car ce qu’on trouve dans ce livre est assez surréaliste…

Après une enfance plutôt calme en Angleterre, Saul Hudson déménage vite à Los Angeles avec sa mère et grandit dans l’ambiance assez folle des seventies américaines : herbe, BMX, et beau-papa Bowie rythment ses premières années. Mais tout commence vraiment quand à 15 ans, il reçoit sa première guitare, une Explorer. Bye bye les études et le BMX !
Dès qu’il sait faire un barré, il cherche à jouer en groupe, avec son ami d’enfance Steven Adler. Ils enchaînent les expériences jusqu’à ce qu’apparaissent un à un dans leurs vies les membres des futurs Guns N Roses. Hasard ou providence ? En tout cas, le cycle se termine par la rencontre d’un chanteur au talent aussi surdimensionné que son ego : j’ai nommé Axl Rose.

 Deux ans de galères, et un album mythique : Appetite for destruction. C’est alors le début de la fin, ou la fin du début : les concerts s’enchaînent, les filles aussi,… C’est la décadence sans la grandeur. Malgré un succès exceptionnel, le groupe s’enfonce dans le sexe, la drogue et le rock’n roll, du début à la fin, une descente aux enfers dont tous ne ressortiront pas indemnes. Slash ne s’en vante pas : il porte sur lui-même un regarde très lucide.
 Sans chercher à expier son passé, il ne se réjouit pas non plus de ses frasques, et demeure d’une grande discrétion en ce qui concerne la vie personnelle de ses coéquipiers. Pas de règlements de compte avec Axl Rose qui les a pourtant tous virés du groupe en gardant les droits (Keith et Mick, prenez-en de la graine !), pas non plus de ragots sur la vie de Duff McKagan ou d’Izzy Stradlin qui quitte le groupe en 1990.
 Le guitariste a une vision détachée de la situation, et fait la part des choses entre son ressenti et les évènements. Si certains seront frustrés par cette discrétion, je l’ai trouvée très appréciable. L’intervention d’Anthony Bozza, journaliste au Rolling Stone Magazine, dans la rédaction de l’autobiographie permet de trouver un équilibre qui facilite la lecture.


L’homme sous le chapeau, qui est-il vraiment ? On ne sait pas, mais ce qu’il a fait, composé et pensé de tout ça, de la période avant les Guns, jusqu’à après Velvet Revolver, il le raconte tout de même plutôt bien. Ce livre est l’occasion d’en apprendre plus sur ce guitariste dont l’énergie sur scène, le sens de la mélodie et la dégaine osée ont fait une des figures phares du rock de notre époque.

Juliette D.