lundi 30 juin 2014

Orient et Occident sont dans un bateau…

…Et personne ne tombe à l’eau ! 
Quelle douleur et fatigue de n’entendre parler des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qu’au travers d’horreurs et de nouvelles déformées, d’actions terribles et de sang versé, d’images floutées prises par des drones et de la folie meurtrière d’un petit nombre de psychopathes vraiment très bien armés. Songazine va vous mettre sous le nez (qui saigne) un exemple où la musique sert de pont entre les cultures, adoucit les mœurs comme à l’accoutumée et vous envoie de bonnes et belles vibrations. Connaissez-vous les extraordinaires albums appelés INTERZONE ?
Ce sont les fruits de la collaboration de l’ex-guitariste de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay et de  Khaled Al Jaramani, un talentueux joueur d'oud syrien, qui chante aussi d’une voix prenante et produit des incantations lancinantes. Ces disques vous offrent un mélange inédit, explosif, salvateur et puissant. Damas surgit dans Paris, votre siège est téléporté au Mont Liban puis se retrouve à Manchester, votre esprit vole de Tyr aux rives de la Gironde en une milliseconde. Ombre et lumière, luxe et volupté, coup de fouet puis caresse, les sonorités exposées créent un cocktail détonant mais fort enivrant. La guitare électrique monte et descend, se tord, use de la saturation ou de sons déchirés. L’oud, si beau, crépite et virevolte à côté, s’y entremêle avec force. Dans la Fender des abeilles furieuses et sifflantes, dans l’oud des traces de bleu céleste et de soleils de juin. Cette musique est puissante, hypnotique, elle vous emmène fort loin. Tout ce que vous avez aimé au Nord de Tanger ou adoré au Sud de Chypre se retrouve curieusement compatible, comestible et digeste. Le temps d’une rêverie musicale, vous arpenterez un quartier animé dans une casbah, une oasis isolée, une usine désaffectée, la cave d’une église, une cérémonie de baptême pleine de yous yous, un enterrement grave et solennel, un café maure à l’ombre dans un port si blanc où l’arak serait servi avec les petites olives noires que l’on aime à croquer en parlant du passé oublié, du présent difficile et du futur improbable. Le temps de ces trois disques, vous pourriez croire que les hommes sont tous d’accord, se battent seulement pour partager leurs cultures et montrer à l’étranger les beautés de leurs traditions. Ces deux musiciens y sont parvenus, nous vous incitons à les suivre sur ce chemin étroit, entre les mines et les missiles, entre les attentats et les préjugés.

 Interzone, un no man’s land qui me ferait presque croire en une essence divine sans plomb, ni cartouche, ni carabine.        

J. "choukran" V.