vendredi 27 juin 2014

Pas de musique, juste une pensée

Contrairement à ce que la masse bienveillante peut penser, les sans-abris morflent davantage en été qu'en hiver. Par ces temps de soleil, les différences de température entre le jour et la nuit fait que plus grand nombre de ces âmes écorchées par une vie qui les a bouffé et les bouffe encore et toujours crèvent. Passer de 30°C à 10°C, ça fait forcément plus mal à des corps affaiblis qu'un 2°C en continu. Et oui, il n'y a pas que sous les flocons que ces personnes (oui des personnes) passent de l'autre côté, et ce n'est pas en les planquant pendant Paris Playa par exemple, dans des centres d'infortune qui schlinguent et loin de tout humanité, tout ça pour les beaux yeux des touristes et des badauds blafards, que les choses changeront. La France à ce niveau-là est triste et me fout la haine. Songazine pense donc à tous ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un joli toit et une vie chatoyante. Oh que ça chante, oh que ça danse, dans nos petites éternelles bien rangées ! Un bonheur faussé, notre candeur dans le fossé, et eux dans la fosse commune afin que nos communes aient magnifique mine. Ils ont faim, froid, n'ont aucun amour à leur égard (de la pitié au mieux), et ce chaque journée que fait le temps et nous, et nous, on s'en fout éperdument. 


Un petit écrit hivernal (imaginez en période estivale) à vous et sachez qu'on vous aime : 

Un canard seul sur le fleuve. Les autres canards le ricanent. 
Sur ce triste quai, il n'y a pas âme qui vaille.
J'avance dans un sens sans savoir.
Je rentre dans cet antre sans comprendre.
Je suis seul au comptoir comme un con. 
D'autres cons me regardent, ils s'en vont.
Je suis seul au comptoir, et je suis seul dans ce bar.
Seul le serveur est ici et me dit sans sourire que serrure il va bientôt resserrer. 
Il est tard.
Je referme mes plaies, je m'en vais et repars avant qu'il ne me reprenne.
Sur ce triste quai, il n'y a qu'âmes qui rament.
Je vois le vide dans mon ventre.
Je nage à contre-sens dans le noir.
Les canards ne ricanent plus. L'autre canard leur a-t-il plu ?
Marche par marche, je monte sans escale. 
Une fontaine fend le silence par ses larmes. 
Les lampadaires perdent mes pas, pourquoi pas.
Sur ce banc, je serai moins bancal.
La neige tombe
Je me couvre d'une enveloppe des moins réchauffantes.
Je m'envole dans le vent sans envol.
La neige tombe.



Crédits photo : Ristara

Marc C.