Samedi 28 juin 2014, Phoenix et Moodoïd nous ont donné
rendez vous au cœur du Grand Théâtre gallo-romain de Fourvière. Comme
d’habitude, le cadre est magnifique : demi cercle de gradins remplis de
spectateurs en ponchos de plastique colorés, une fosse tout aussi bariolée, et
partout les petits coussins verts gentiment distribués pour adoucir les deux
heures passées sur des marches en pierre. (On saluera tout à l’heure
l’hypocrisie du public qui a répondu un OUI unanime à l’animateur lorsque celui
ci lui faisait promettre de ne pas lancer ces fameux petits coussins sur la
scène. Quelle naïveté…).
Ca commence assez à l’heure, et assez étrangement avec
Moodoïd, groupe jusque là inconnu au bataillon, tout droit sorti d’un mauvais
clip de glam rock. Pas question pour autant de partir en courant : ils
nous mettent autant de paillettes dans les oreilles que dans les yeux ! En
moins d’une heure, on traverse tout un dédale d’univers sonores à leurs côtés,
guidés par une sorte de Pierrot désarticulé qui violente ses guitares, une
poêle à frire, ou des bongos selon l’humeur du moment… enfin, du morceau.
Piano, basse et batterie viennent compléter le tableau, avec une jolie
complémentarité de voix, et une certaine polyvalence dans l’utilisation de
percussions. Une belle découverte, et un vinyle à venir…
Mais le meilleur est pour la fin : les Phoenix nous
font l’honneur de venir accompagnés… d’une ribambelle d’averses plus froides
les unes que les autres. Ca fait partie du jeu ! D’ailleurs je crois que
je n’ai jamais fini un concert des Nuits de Fourvière au sec.
Sur la scène, une estrade d’un mètre de hauteur a été mise
en place, dissimulée par un petit mur d’amplis, où trônent à la fois une
batterie bien fournie, des claviers et des pads. Autrement dit, le domaine des
monstres. Le batteur est monté sur une pile électrique, qu’il joue assis ou
debout, et son énergie déborde dans tous les sens. A côté de lui, le
claviériste-percussionniste joue d’un instrument différent par main en tapant
du pied plus fort que tous les spectateurs réunis. Ajoutez à cela les quatre
Phoenix, debout devant l’estrade, en ligne droite et à intervalles réguliers,
et vous aurez une utilisation intelligente de l’espace scénique. Mais passons
outre les détails, un concert, c’est d’abord de la musique ! Et quelle
musique ! Le groupe a travaillé ses morceaux les plus pop pour leur
insuffler une véritable énergie qu’ils communiquent à leur public. La majorité
de la playlist recouvre leurs deux derniers albums (le récent Bankrupt !
et Wolfgang Amadeus Phoenix, de 2009), sans oublier de reprendre les
grands classiques : If I ever feel better, Too Young… Chanteur et
solistes descendent régulièrement dans la fosse prendre un petit bain de foule,
au sein de laquelle ils exécutent leur antepenultième chanson en
acoustique : Countdown. Magnifique !
Le groupe sait gérer ses sons, son temps, son set, et
cherche vraiment à faire plaisir au public. On a même le droit à un mot
d’excuse pour le concert de Novembre dernier qui avait été annulé. Gentlemen
jusqu’au bout !
Acoustique, électrique, instrumental, samplé, avec ou sans
images, on aura eu droit à un bel éventail des capacités des musiciens, qui ont
pour seul défaut de jouer d’abord pour leur public, avant de jouer les uns avec
les autres. Mais en est-ce vraiment un ?
Après une belle découverte, et une révélation étonnante sur
scène (oui, je pensais que la pop en concert, c’était un peu mou), il est temps
de faire comme les artistes : filer, sous un déluge de pluie… et de
coussins !
Merci les Nuits de Fourvière !
Juliette D.