mercredi 20 août 2014

Ricky's Hand, Fad Gadget

Fad Gadget s’agite quelque part au paradis des artistes énervés et créatifs, et je pense à lui avec tendresse et nostalgie. Je l’ai découvert par hasard en achetant sur un coup de tête un 45 tours à la pochette peu engageante : Ricky’s Hand. Il m’est fort agréable de partager une opinion 5 * à ce sujet avec vous, lecteurs appréciés.
Cette musique est belle car est saute au visage, elle bondit sur votre diaphragme. Tordue, perforante, elle restera gravée dans les sillons profonds de ma mémoire à tout jamais. Pas de compromis et absence de compromission, Frank Tovey aka Fad Gadget secoue ses synthés comme des pruniers, il en sort un jus noir, d’où émergent des boulons et des clous. 
On appelle cela bien trop aisément de la « musique industrielle », tout en sachant qu’aucune firme n’a jamais cautionné ce bazar sonique qui fait mal. C’est de l’artisanat, du bricolage synthétique, pas d’obtention possible du label ISO 9002 et Veritas 2T car trop foutraque pour être normé. Anarchie in the partition, dérapage dans le contrôlé. Sa voix est grave mais pas lourde, mélodieuse mais pas sirupeuse. Avertissement, alerte rouge ou annonce d’une glaciation atomique pourraient être déclinés sur ce ton très grave. Et le ton, c’est bon.
Le son « crrrrrr » qui marque le nano-refrain est obtenu par une perceuse Black et Decker. Moins cher qu’un échantillonneur, plus efficace qu’un piano à queue. Sur Collapsing New people, il tapera sur des bouteilles vides pour changer d’un xylopohone. Merci la récup’, on vous a toujours dit que faire de la musique c’est une question de motivation et d’imagination fertile, pas un concours de matériel de pêche.
Les paroles sont vraiment incorrectes et nous racontent le point de vue de la main d’un certain Ricky. Ce dernier boit, conduit, se plante, et ses cinq doigts vont s’en souvenir, n’oubliant pas de remonter sa fermeture éclair. Brut de fonderie, direct du droit ou du gauche, c’est selon l’humeur.
Ricky’s Hand fait un doigt d’honneur aux mauvais morceaux, à la musique d’ascenseur, au tube de l’été, à la compilation de Chants de Noël et au CD 12 titres super techno disco qui lui, est un enfoiré produit de musique… industrielle.

Fad Gadget, je vous remercie et tous nos lecteurs aussi.


Jérôme « handshake » V.