jeudi 13 novembre 2014

Bloodshot Bill, Live report @ La Clef, Saint-Germain en Laye

On parle bien trop rarement des premières parties dans les concerts. Quand on attend la vedette, bien souvent on compte les minutes, les chansons et on s’emmerde en pensant au prix du billet. Foin de tout cela, en ce 12 novembre, et juste avant l’intéressant Legendary Tigerman, voici, voici… le fabuleux BloodshotBill dont je veux, je dois et je peux vous parler ici et maintenant, toutes affaires  cessantes, les doigts qui crépitent sur mon clavier. 
Le rock and roll est par essence un peu dingue, hors des clous et débordant d’énergie, dégoulinant d’adrénaline, huilé de testostérone. Sinon, flûte et pan !,  c’est plat comme une coiffure de rockabilly sans gomina.
A propos de gomina (« grease » en V.O. USA), l’ami Bloodshot Bill en a un paquet sur l’occiput, dans lequel ça doit s’agiter fort quand il est sur scène. 
Voyez : assis et pieds nus, cet homme orchestre bat les rythmes avec les deux jambes, joue de la guitare à la vitesse de l’éclair et chante avec furie. Sa voix est extraordinaire : il passe d’un grave  en mode « Elvis » à un rocailleux, façon Brian Setzer, en faisant des détours dans le Yodeling (« it’s awesome ! », en V.O. North America), le film triple X, les cris de la jungle, les mots doux, la moto qui démarre et les blagues  potaches. Ce garçon, c’est un Chris Isaak sans le budget mais dont l’esprit est court-circuité par une bulle euphorisante d’un Tex Avery sous speed toutes les 8 secondes. 
Il est unique et c’est une bande à lui tout seul. 
Ajoutons qu’il transmet un mélange secoué de bonne humeur et d’inquiétude, où le premier composant domine quand même. Il vient du Canada et de Montréal, mais peut être aussi de la planète Mars, d’un poème de Georges Perec très bourré ou encore directement de sa chambre à coucher ? (on le voit sur des clips jouer en pyjama et en peignoir). Original à fond et musical complètement, il enchaîne les morceaux comme via un tourne-disque branché sur une centrale nucléaire, frappe sa guitare -qui le lui rend bien- et part en vrille tel un juke-box habité par le fantôme de Buddy Holly conduisant la Porsche de James Dean d’une main distraite pendant que de l’autre il enverrait un sexto à Eddie Cochran. 
Agitant sa tête de droite et de gauche, et réciproquement, Yelling Spitshot Bill envoie soudain un crachat sur le sol, dégouline de sueur et vide sa cannette de bière d’un coup. Il part loin, très loin, et nous aussi. Par la Sainte Reverb’, le Fuzz béni et le Vibrato consacré, (en V.O. Canada : « Tabernak ! »), ce type on l’adore ou on le déteste, et je vous recommande fortement d’éviter la deuxième option pour rester ami avec moi. 
Maintenant, sortez votre carte de crédit et achetez sa musique, bordel !    
      

Jérôme « Hotshot » V.

Pieds nus, gomina et une pêche d'enfer !