jeudi 11 décembre 2014

Le rock psyché, sans halluciner

Fortement inspiré par la consommation de drogues comme le LSD, le rock psychédélique apparaît dans le milieu des années 60. Répétitive et hypnotique, cette musique a été jusqu’au milieu des seventies le reflet d’une génération. Aujourd’hui, et depuis les années 2010, le psychédélisme un temps oublié, semble trouver un second souffle.


Des origines de vagabond

« Révélateur de l’âme », c’est ce que veut dire en grec psychédélisme. Avec une telle signification, pas étonnant que certaines drogues soit derrière tout ça. LSD, marijuana ou mescaline sont en effet très utilisées dans les années 60 et deviennent le symbole d’une contre-culture qui émerge aux Etats-Unis. Inspiré aussi de la beat generation de Jack Kerouac, le mouvement psychédélique se joint à celui des hippies. Il est porté par toute une jeunesse qui se dévergonde et qui rêve de liberté. Véritable état d’esprit plus que simple genre musical, le psychédélisme se retrouve à l’époque aussi bien en littérature qu’en musique ou en photographie. Jusque dans les années 70, le mouvement continue de se développer et c’est d’ailleurs grâce à la musique qu’il s’exporte. Avec des artistes comme Jimi Hendrix ou les Grateful Dead ou des manifestations comme Woodstock en 1969 c’est toute la planète qui découvre cet univers et qui se trouve des héros.


Long et torturé

Le rock psychédélique s’impose donc pendant une dizaine d’années comme un genre à part entière. Avec des artistes qui sont à l’époque les plus grandes références comme les Beatles depuis Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band, le courant est de plus en plus visible et mis en avant. Très caractéristique à ses débuts, le rock psychédélique se reconnaît par sa construction rythmique simple comme dans la plupart des morceaux des 13th Floors Elevators, premier groupe qualifié de « psychédélique ». Comme une démarche de rendre son âme plus pure, les morceaux se veulent hypnotiques et planants (d’où la nécessité de posséder de la drogue en quantité suffisante pour produire un album complet). De longs solos se posent sur des mélodies répétitives, les pédales fuzz tranchent des rythmes saccadés pendant que la wah-wah étire les notes. Des groupes comme Jefferson Airplane, Pink Floyd ou Quicksilver Messenger Service en sont de bons exemples avec parfois deux morceaux par vinyle. Cependant, étant avant tout un état d’esprit, une approche de la musique, une manière de voir les choses, le psychédélisme peut aussi se retrouver dans des groupes hard comme Hawkwind ou dans la musique folk comme chez Van Morrison.


Sur l’étagère de papa

Pour ceux qui regrettent de ne pas être né quelques années plus tôt et qui ont le sentiment d’avoir tout manqué : pas d’inquiétude. En dehors de toute la médiocrité que l’on nous sert sur les ondes, une nouvelle vague psychédélique refait surface dans le monde entier. Un vrai engouement pour cette musique se construit et une véritable communauté est présente pour le soutenir. Loin d’être un simple « revival » passager comme celui des « stars » françaises des années 80, il existe énormément de jeunes groupes qui remettent à neuf  ce courant un peu balayé pendant 20 ans par les synthés disco et les boys-band préfabriqués. A suivre en tête, les américains de Thee Oh Sees et Ty Segall qui sortent en moyenne deux (très bons) albums par an. Pour la plupart ils ont découvert les classiques dans les vinyles poussiéreux de leurs parents et rêvent maintenant d’inventer les leurs.


13th floors elevators
The psychedelic sounds of the 13th floors elevators, 1966.




La pièce maîtresse et fondatrice du rock psychédélique. Les texans menés par Rocky Erickson gravent sur ce disque tous les éléments qui sont aujourd’hui associés au psychédélisme : pochette sous acides, guitares lancinantes et reverb’ infinie. Un mythe.


Pink Floyd
The piper at the gates of down, 1967.
                                                      
           

Dans un registre plus planant, les anglais livrent pour leur premier album une merveille de psychédélisme. Les compositions de Syd Barrett y évoquent l’espace et la folie, le ton est sombre presque glauque. Rarement on a vu un premier album aussi réussi et influent.


Ty Segall
Twins, 2012.



Plus récemment le californien Ty Segall a soufflé fort sur la poussière de l’étagère à vinyles de papa. Pour sa troisième livrée de l’année 2012, l’hyperactif blondinet de San Francisco nous remet debout avec ses guitares fuzz et ses rythmes primitifs. LE psyché d’aujourd’hui !


Thibault Bourgeais