Un Dimanche après-midi de
carnaval au métro Gambetta, les Twin Peaks donnait une interview à la
Maroquinerie, pour Songazine. Clay (guitare), Cadien (guitare/chant), Connor
(batterie), Jack (basse) et le petit nouveau Collins (clavier) étaient
confortablement installés dans leur vétuste et minuscule loge parisienne. Les
répétitions finies, ils étaient prêt à répondre aux questions.
Les oignons puants font du garage-rock
Twin Peaks est le nom de la série
connue, du début des années 90, de David Lynch. Ils l’ont peut-être emprunté au
créateur de Dune, mais leur univers n’a rien à voir avec la série. Cadien, le
leader du groupe raconte comment il a trouvé l’idée : « J’avais 16 ans à l’époque, j’étais avec mon
frère et nous regardions cette fameuse série, puis il m’est venu dans l’idée de
prendre ce nom, car pour moi il sonnait cool. »
L’univers de leurs chansons s’inspire
de leurs vies de gamins de Chicago. « Nous
avons grandi ensemble dans le même quartier, avec des expériences différentes.
Nous avons vécu des amours de jeunesse, du sexe, nous avons bu, fumé, on s’est
amusé, fais la fête. C’est un peu le
« côté obscur » de nos vies. Nos chansons se sont imprégnées de ces
expériences, »explique Clay. Wild
Onion fait référence à leur ville natale : « Chicago vient du mot amérindien « Sikaakwa », qui
désigne « oignon puant » ou « oignon sauvage » à cause de
l’odeur des marécages où se trouve la ville actuelle, » récite Cadien,
tel une leçon apprise par coeur. Le deuxième album des Twin Peaks est le
premier à être enregistré dans un vrai studio, sous le label Fat Possum (The
Districts). « L’une des raisons de
l’avoir réalisé est le fait que nous n’avions très peu de musiques de notre
répertoire, malgré notre premier album (Sunken, 2013) lors de notre tournée précédente, ce qui fait nous nous sommes lancés
dans la tâche d’en faire plus, »
rajoute Clay.
Les influences du groupe se
regroupent dans le garage-rock mais pas seulement, « musicalement, on se rapproche du garage-rock, voir des influences des
années 60’s-70’s. Après, je ne parle pas pour tout le monde, mais nous avons
des goûts différents. J’essaye de rajouter mes propres influences, tel que The
Cure, Joy Division ou Misfits, » développe Cadien. Clay rajoute :
« Notre musique s’apparente au
Beatles et au Rolling Stones, mais c’est sûr que nous sommes un groupe de
garage rock comme les Black Lips ou The Orwells. »
Anecdote d’interview
Un instant magique, le fameux
Clay est une véritable pile électrique tant sur scène que dans la loge. Il
n’arrive pas à rester sur place. A un moment, il tripote le boitier électrique,
comme si il pensait faire une réaction nucléaire. Soudain, il s’arrête, voit un
sticker d’un groupe de rock parmi tant d’autres sur le panneau. Il le lit à
voix haute : « We call The Sex
Slave. » Il rit et commence à entonner « We Are The Slave » rattrapé a cappella par les autres membres, sous le thème de We Are The Champions de Queen. No comment…
Les devil blood brothers
C’est en 2009, qu’ils débutent
leur aventure Twin Peaks. La musique est quotidienne depuis leurs tendres
enfances. Jack s’exprime entre deux taffes de cigarette : « J’ai commencé à jouer de la musique à cause
de ma mère, qui nous a inscrit, mes frères, mes sœurs et moi à des cours de
musique quand nous étions gamins. J’ai grandi dans la musique comme ça. »
Cadien, lui, se rappelle : « J’ai
commencé aussi à cause de ma sœur qui jouait du piano et de mon frère qui
jouait de la batterie. Du coup, je me suis mis à la musique par le piano, que
j’ai vite abandonné au profit de la guitare. »
Au départ, ils étaient quatre. Ils
ont accueillis un nouvel arrivant dans leur tribu, Collins. Le petit nouveau de
la bande raconte : « Je suis
arrivé il y a à peu près deux mois.
J’espérai participer à Wild Onion, et de pouvoir jouer avec eux. Je leur ai
demandé d’être avec eux, ils m’ont juste répondu « Yeah. » C’est
comme ça que ça s’est passé. C’est la vérité. » Connor
commente : « Maintenant
il fait parti des nôtres, » Il fait mine de se scarifier la main, en
plaisantant « Il a du subir un rite d’initiation, car nous sommes des frères
de sang ! »
Le groupe incarne la nouvelle
génération du rock, avec un retour dans les racines du mouvement. « Je pense, qu’aujourd’hui, le rock réalise un
bon retour. Je trouve que celui-ci est redevenu un courant dominant dans la
musique actuelle, » analyse Cadien en train de se servir un café.
« Les gens ont une fausse idée par
rapport au rock’n’roll. Ils croient qu’il faut de la chance pour être un bon
groupe de rock. Ce qui nous pousse à être un bon groupe de rock, c’est le
besoin de vivre, » martèle le jeune rockeur.
Connor avec un cintre sur la tête
évoque leurs sensations sur scène : « Nous avons le sentiment d’être connecté entre nous sur scène,
et avec le public. On se répond avec nos instruments. Le pire serait de se
sentir séparer, avec l’impression de jouer chacun de notre côté… »
Clay coupe : « Comment on
dit en français le mot « devil » ? Diable ? Voila,
nous sommes des diables sur scène, nous jouons du rock’n’roll, on s’éclate en
faisant ce qui nous plaît. »
Le séjour en France a duré trois
jours. Ils ont joué deux fois à Paris et une fois à Dijon lors du Festival
Génériq. Jack raconte leur première virée en France : « C’est cool de jouer en France. Le public
français est similaire avec celui des States. Nous avons eu de bons moments à
Paris et à Dijon. Vendredi soir, nous
avons joué dans le club de David Lynch, Le Silencio, même si il n’y avait pas
trop de monde, c’était très intéressant, très sombre avec un côté déjanté,
c’était quand même cool. Dijon, était sympa aussi. » The Fat White
Family est un groupe de punk-rock-psyché anglais qui ont joué avec eux à Dijon,
pour Clay se groupe : « c’est
le meilleur groupe de rock’n’roll, Franchement, ils savent bien jouer, il n’y a
pas de surfaits. Ce n’est pas des conneries quand je dis ça. Ils sont vraiment
bien. »
Le futur pour Twin Peaks? Continuer
à faire des concerts et pourquoi pas réécrire un album. Jack le bassiste du
groupe voit les choses en grand : « L’avenir
du groupe, c’est de faire un énorme concert avec plein de feux
d’artifice. » Songazine croit en les paroles de ces jeunes rockeurs en
devenir. Le concert à la Maroquinerie, dimanche dernier, a été grandement
assuré par ces sikaakwa.
Thomas Monot
Twin Peaks à la Maroquinerie, le 15 Février 2015 |