jeudi 19 février 2015

Interview--Twin Peaks : Oignon, Chicago and rock’n’roll !

Un Dimanche après-midi de carnaval au métro Gambetta, les Twin Peaks donnait une interview à la Maroquinerie, pour Songazine. Clay (guitare), Cadien (guitare/chant), Connor (batterie), Jack (basse) et le petit nouveau Collins (clavier) étaient confortablement installés dans leur vétuste et minuscule loge parisienne. Les répétitions finies, ils étaient prêt à répondre aux questions.

Les oignons puants font du garage-rock

Twin Peaks est le nom de la série connue, du début des années 90, de David Lynch. Ils l’ont peut-être emprunté au créateur de Dune, mais leur univers n’a rien à voir avec la série. Cadien, le leader du groupe raconte comment il a trouvé l’idée : « J’avais 16 ans à l’époque, j’étais avec mon frère et nous regardions cette fameuse série, puis il m’est venu dans l’idée de prendre ce nom, car pour moi il sonnait cool. »
L’univers de leurs chansons s’inspire de leurs vies de gamins de Chicago. « Nous avons grandi ensemble dans le même quartier, avec des expériences différentes. Nous avons vécu des amours de jeunesse, du sexe, nous avons bu, fumé, on s’est amusé, fais la fête.  C’est un peu le « côté obscur » de nos vies. Nos chansons se sont imprégnées de ces expériences, »explique Clay. Wild Onion fait référence à leur ville natale : « Chicago vient du mot amérindien « Sikaakwa », qui désigne « oignon puant » ou « oignon sauvage » à cause de l’odeur des marécages où se trouve la ville actuelle, » récite Cadien, tel une leçon apprise par coeur. Le deuxième album des Twin Peaks est le premier à être enregistré dans un vrai studio, sous le label Fat Possum (The Districts). « L’une des raisons de l’avoir réalisé est le fait que nous n’avions très peu de musiques de notre répertoire, malgré notre premier album (Sunken, 2013) lors de notre tournée précédente, ce qui fait nous nous sommes lancés dans la tâche d’en faire plus, » rajoute Clay.
Les influences du groupe se regroupent dans le garage-rock mais pas seulement, « musicalement, on se rapproche du garage-rock, voir des influences des années 60’s-70’s. Après, je ne parle pas pour tout le monde, mais nous avons des goûts différents. J’essaye de rajouter mes propres influences, tel que The Cure, Joy Division ou Misfits, » développe Cadien. Clay rajoute : « Notre musique s’apparente au Beatles et au Rolling Stones, mais c’est sûr que nous sommes un groupe de garage rock comme les Black Lips ou The Orwells. »

Anecdote d’interview

Un instant magique, le fameux Clay est une véritable pile électrique tant sur scène que dans la loge. Il n’arrive pas à rester sur place. A un moment, il tripote le boitier électrique, comme si il pensait faire une réaction nucléaire. Soudain, il s’arrête, voit un sticker d’un groupe de rock parmi tant d’autres sur le panneau. Il le lit à voix haute : « We call The Sex Slave. » Il rit et commence à entonner « We Are The Slave » rattrapé a cappella par les autres membres, sous le thème de We Are The Champions de Queen. No comment…
   
Les devil blood brothers

C’est en 2009, qu’ils débutent leur aventure Twin Peaks. La musique est quotidienne depuis leurs tendres enfances. Jack s’exprime entre deux taffes de cigarette : « J’ai commencé à jouer de la musique à cause de ma mère, qui nous a inscrit, mes frères, mes sœurs et moi à des cours de musique quand nous étions gamins. J’ai grandi dans la musique comme ça. » Cadien, lui, se rappelle : « J’ai commencé aussi à cause de ma sœur qui jouait du piano et de mon frère qui jouait de la batterie. Du coup, je me suis mis à la musique par le piano, que j’ai vite abandonné au profit de la guitare. »
Au départ, ils étaient quatre. Ils ont accueillis un nouvel arrivant dans leur tribu, Collins. Le petit nouveau de la bande raconte : «  Je suis arrivé il y a à peu près deux  mois. J’espérai participer à Wild Onion, et de pouvoir jouer avec eux. Je leur ai demandé d’être avec eux, ils m’ont juste répondu « Yeah. » C’est comme ça que ça s’est passé. C’est la vérité. » Connor commente : «  Maintenant il fait parti des nôtres, » Il fait mine de se scarifier la main, en plaisantant  «  Il a du subir un rite d’initiation, car nous sommes des frères de sang ! »
Le groupe incarne la nouvelle génération du rock, avec un retour dans les racines du mouvement. « Je pense, qu’aujourd’hui, le rock réalise un bon retour. Je trouve que celui-ci est redevenu un courant dominant dans la musique actuelle, » analyse Cadien en train de se servir un café. « Les gens ont une fausse idée par rapport au rock’n’roll. Ils croient qu’il faut de la chance pour être un bon groupe de rock. Ce qui nous pousse à être un bon groupe de rock, c’est le besoin de vivre, » martèle le jeune rockeur.
Connor avec un cintre sur la tête évoque leurs sensations sur scène : «  Nous avons le sentiment d’être connecté entre nous sur scène, et avec le public. On se répond avec nos instruments. Le pire serait de se sentir séparer, avec l’impression de jouer chacun de notre côté… » Clay coupe : « Comment on dit en français le mot « devil » ? Diable ? Voila, nous sommes des diables sur scène, nous jouons du rock’n’roll, on s’éclate en faisant ce qui nous plaît. »
Le séjour en France a duré trois jours. Ils ont joué deux fois à Paris et une fois à Dijon lors du Festival Génériq. Jack raconte leur première virée en France : « C’est cool de jouer en France. Le public français est similaire avec celui des States. Nous avons eu de bons moments à Paris et à Dijon. Vendredi soir,  nous avons joué dans le club de David Lynch, Le Silencio, même si il n’y avait pas trop de monde, c’était très intéressant, très sombre avec un côté déjanté, c’était quand même cool. Dijon, était sympa aussi. » The Fat White Family est un groupe de punk-rock-psyché anglais qui ont joué avec eux à Dijon, pour Clay se groupe : « c’est le meilleur groupe de rock’n’roll, Franchement, ils savent bien jouer, il n’y a pas de surfaits. Ce n’est pas des conneries quand je dis ça. Ils sont vraiment bien. »
Le futur pour Twin Peaks? Continuer à faire des concerts et pourquoi pas réécrire un album. Jack le bassiste du groupe voit les choses en grand : « L’avenir du groupe, c’est de faire un énorme concert avec plein de feux d’artifice. » Songazine croit en les paroles de ces jeunes rockeurs en devenir. Le concert à la Maroquinerie, dimanche dernier, a été grandement assuré par ces sikaakwa.

Thomas Monot

Twin Peaks à la Maroquinerie, le 15 Février 2015