mardi 24 mars 2015

Jay Jay Johanson : Opium sans peuple

On ne se refait pas.

Fidèle auditeur du grand Bernard Lenoir, sur France Inter, j’étais rivé au poste le soir, attendant son émission. Souvent, je l’enregistrais sur une cassette audio, pour ne rien rater et l’écouter dans ma voiture dès le lendemain matin. Autant dire que ses coups de cœur et ses goûts ont façonné les miens pour une grande partie. Je ne le remercierai assez et nous serions quelques milliers à lui devoir une fière chandelle pour cette éducation musicale du plus haut niveau. Des Bernard Lenoir et des Michka Assayas méritent une reconnaissance bien plus large que celle de notre bataillon aux yeux brillants d’admirateurs puristes.
Parmi les artistes qu’il défendait, il y avait Jay Jay Johanson.  Dès 1997,  pour son premier album Whiskey, puis Tattoo en 1998, les partisans de « la musique pas comme les autres » avaient repéré ce chanteur assez unique, à voix haut perchée et émouvante.
Sa musique est variée, trip hop, indie, électro soft ou jazzy mais toujours si légère. Une aura de mélancolie élégante se dégage de ses chansons, soignées et douces. Bref, un chanteur qu’on ne zappe pas, un ami des longs trajets en voiture ou des jours de pluie, faiseur de ces rares et jolies chansons qu’on glisse dans une compilation destinée à quelqu’un qu’on aime. Je vous avoue humblement que je l’avais perdu de vue, lisant de loin des critiques de ses disques toujours très élogieuses, où j’avais cru comprendre qu’il fouillait la veine jazzy et classieuse (what else chez cet homme de goût ?)…
Ayant le privilège de déguster son prochain album à sortir au joli mois de mai, appelé « Opium », me voici exécutant cette douce tâche et vous en contant quelques bribes. La couverture est sans fard, Jay Jay face caméra semble un peu fatigué, pensif, vêtu d’une chemise militaire et son nom est placé façon Dazibao. Prisonnier politique en Asie ?
11 perles délicates sont extraites de cet album, aux sonorités fines, plus rim shot que caisse claire, plus piano solitaire que grand orchestre et plus proche du clair obscur que de la lumière des stades. Des murmures, des confidences : ce garçon vous attrape par les sentiments. De l’art raffiné, du précieux, du cousu à la main avec de fils d’or et de soie. J’ai beaucoup aimé ce plateau royal. Quelques exemples :
« Be Yourself » est juste délicate et fragile, me faisant penser au célèbre « Walk on By ».
“I love him so” est so…trip hop donc so… belle. “I don’t know much about loving” nous ment ce garcon et l’on est projeté dans un univers soyeux, où l’amour est toujours ce jeu dangereux où l’on se fait souvent griffer.  « I can count on you », encore un bijou subtil qui se glisse dans vos tympans en finesse.
« Hara Kiri », cet instrumental crève-cœur nous susurre-t-il d’en finir ? Mais, non, on ne veut pas mourir avant d’avoir encore écouté d’autres chansons !
Heureux alors d’avoir eu la chance de retrouver Jay Jay johanson sur la route de mes écoutes.
Superbe disque, cet Opium là se fumera les yeux mi clos, la tête penchée et les souvenirs un peu flous.
Si Bernard Lenoir officiait encore, il nous en parlerait certainement.
Caresses et bises à l’œil.

Jérôme « 87.8 MhZ » V.  



P.S. : Plus d’infos à noter sur vos tablettes d’initiés !

Ecoutez le single MOONSHINE, sorti cette semaine : https://soundcloud.com/jay-jay-johanson/moonshine-1

Une couverture déroutante pour l'EP "Moonshine"


Ce single figurera dans l'EP "Moonshine" qui sortira le 13 avril.

L'album "Opium" sortira le 26 mai. 
Jay Jay J. sera en showcase lors du disquaire day le 18 avril (entre 15h et 17h) et dédicacera une 20aine de test pressings (série limitée Agnès b.) @ Point Ephémère.
 Le 17 avril, il sera en session au Redbull Studio avec Robin Guthrie des Cocteau Twins.
Release party le 8 juin au Café de la Danse. 


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